Le label Egalité, un gage d’inclusion dans le monde de la culture

Le festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence est titulaire du label Egalité professionnelle (crédit photo : Vincent Beaume).

En 2022, 41 organismes publics, reconnus pour leurs actions en faveur de l’égalité professionnelle femmes-hommes, détenaient le label éponyme. Parmi eux, de nombreux établissements culturels. La démarche colle parfaitement aux codes de ce secteur épris d’inclusion. Explications.

Nous vivons une époque où l’égalité femmes-hommes, autrefois accessoire, est devenue une question centrale, non négociable dans la société et dans le monde économique. Les entreprises sont obligées d’agir, et les plus engagées choisissent de l’afficher. Le label Egalité professionnelle, distribué par AFNOR Certification (parfois en association avec le label Diversité), joue alors le rôle de marqueur de vertu. Et il se trouve qu’il séduit le monde de la culture, univers où le thème de l’inclusion résonne plus fortement que dans d’autres milieux.

Le musée d’Orsay et de l’Orangerie, à Paris, labellisé Egalité (crédit photo : Musée d’Orsay).

Pourquoi ce particularisme ? Dès 2016, une mission « diversité et égalité » est créée au ministère de la Culture. « Cette mission a permis dirriguer ces problématiques dans les établissements culturels. Le double label (Egalité et Diversité) décroché par le ministère lui-même a entraîné dans son sillon beaucoup d’établissements et a servi, pour beaucoup dentre nous, de cadre et de référence », raconte Karim Chettouh, directeur des ressources humaines et des moyens généraux au musée d’Orsay et de l’Orangerie, à Paris. Cet établissement nouvellement labellisé, qui compte 56 % de femmes, réfléchit aujourd’hui à d’autres mesures comme organiser le temps travail sur 4 jours après congé maternité et allonger le congé parental.

Ecoutez le témoignage de Stéphanie Deporcq, du festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence (Youtube shorts)

Une communauté de valeurs

A cette démarche volontaire s’ajoute une mesure obligatoire : depuis fin 2019, tous les employeurs publics doivent mettre en œuvre un plan d’action pluriannuel sur l’égalité professionnelle. Une mise à l’étrier qui, ensuite, a motivé le musée du quai Branly à formaliser une demande de label, en 2021. « Par nature, un musée est ouvert sur le monde. Ces problématiques sont au cœur de la mission du musée, de sa stratégie et de ses valeurs », justifie Céline Féraudy, directrice de l’administration et des ressources humaines de cet établissement parisien. Elle poursuit : « Notre première action concrète, en 2021, a été de signer un accord relatif à l’égalité professionnelle. Par la suite, nous avons travaillé sur des fiches financières faisant état de la moyenne de rémunération et permettant dobjectiver le niveau de rémunération accordé à chaque agent. » Aujourd’hui, le musée a décroché le label après l’audit d’évaluation d’AFNOR Certification, et entend poursuivre avec le label Diversité.

Structurer les actions, identifier les marges de progression

Le spectacle vivant suit la même dynamique. Stéphanie Deporcq, directrice administrative et financière du festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence, atteste : « À mon arrivée en 2018, avec la responsable des ressources humaines, nous avons souhaité structurer la politique RH en concordance avec la politique et les valeurs du festival. La responsabilité sociétale a été inscrite dans les statuts en 2020. Cela a été un élément déclencheur. » En décembre 2020, le festival d’Aix dépose sa demande de label. La suite, c’est un label Egalité professionnelle décroché en octobre 2021 et un label Diversité en février 2022 : de quoi matérialiser un engagement fort.

« Nous avons souhaité structurer la politique RH en concordance avec la politique et les valeurs du festival.« 

Stéphanie Deporcq, festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence (crédit photo : Jean-Baptiste Millot)

Au musée d’Orsay et de l’Orangerie, la démarche a été initiée dès 2017. « La place des femmes est très forte dans la programmation culturelle. La direction des publics mène également, et depuis longtemps, des actions auprès des scolaires et des publics éloignés de la culture (hôpitaux, prisons, jeunes, etc.) », ponctue Karim Chettouh. Ce dernier est entré au musée en 2019, à l’époque où « il y avait des actions, mais pas de structuration », analyse-t-il a posteriori. Le musée d’Orsay et de l’Orangerie a ensuite transformé l’essai en déposant une candidature de double labellisation auprès d’AFNOR Certification en avril 2022. Avec une récompense au bout : le double label obtenu en janvier 2023.

Le musée du quai Branly, à Paris, labellisé Egalité (crédit photo : Roland Halbe).

De l’aveu de nombreuses structures labellisées, l’audit occupe une place centrale dans la démarche et joue le rôle d’aiguillon. « L’audit a duré une demi-journée avec l’audition de notre président, de nos administrateurs généraux, de plusieurs directeurs et d’un panel d’agents », relate Bernadette Leroy, cheffe du service du développement RH au musée d’Orsay et de l’Orangerie. Au Festival d’Aix-en-Provence, Stéphanie Deporcq raconte : « Lauditrice AFNOR a mesuré la sincérité de notre engagement et a su mettre le doigt sur ce qui manquait dans notre démarche. Elle a été à la fois bienveillante et exigeante en pointant les axes de progression. » Parmi les actions qui ont fait tilt : la cellule d’écoute permanente composée de deux personnes, l’application de micro-learning avec de courtes vidéos pour que le personnel puisse accéder aux informations liées aux discriminations, la désignation de référents sur chaque site, le festival d’Aix comptant 70 permanents et jusqu’à 750 salariés en pleine saison.

Ecoutez Emmanuelle Baumgartner parler du label Egalité décerné à Radio-France (Youtube shorts)

Un gage d’attractivité

Reste l’argument de l’attractivité. Le label permet de crédibiliser une promesse, celle d’un établissement accueillant, inclusif et égalitaire. Au musée du Quai Branly, Céline Féraudy le juge « intéressant pour nourrir le dialogue social et pour l’impact sur les visiteurs ». Au musée d’Orsay et de l’Orangerie, c’est « un appui considérable pour promouvoir les formations, par exemple, mais aussi pour recruter ». Visiteurs, nouveaux collaborateurs, partenaires territoriaux, mécènes, fournisseurs… Entouré de multiples parties prenantes, le monde de la culture est donc un convaincu du label Egalité.