VertVolt révèle la couleur de votre électricité

Le label VertVolt garantit aux consommateurs que l’offre verte de leur fournisseur d’électricité l’est vraiment. Crédit photo : Getty Images
Le label VertVolt garantit aux consommateurs que l’offre verte de leur fournisseur d’électricité l’est vraiment. Crédit photo : Getty Images

AFNOR Certification élargit sa palette dans le domaine de l’énergie avec le label VertVolt. Porté par l’Ademe, il garantit aux consommateurs que l’offre verte de leur fournisseur d’électricité l’est vraiment.

Depuis la libéralisation du marché de l’électricité, notamment pour les particuliers, les fournisseurs rivalisent d’offres dites vertes. Mais que trouve-t-on réellement derrière cet adjectif, séduisant certes, mais qui fleure bon le greenwashing ? Jusqu’à présent, la confusion régnait. Un fournisseur pouvait certes s’engager à favoriser la pénétration sur le réseau de l’électricité fabriquée à partir d’énergies renouvelables, en achetant des « garanties d’origine » (GO) à hauteur de la quantité d’électricité consommée par ses clients d’offres vertes : 1 GO pour 1 MWh acheté. Les garanties d’origine sont des titres dématérialisés vendus sur un marché dédié par les producteurs d’électricité renouvelable, servant ainsi de preuve que leurs électrons sont bien verts et ont bien été déversés dans le réseau. Mais ensuite, ce fournisseur doit s’approvisionner en électricité pour satisfaire ses clients, et il n’achète pas nécessairement celle des producteurs renouvelables en question ! Ni au même moment !

Sur le réseau, un électron perd sa couleur

Pour remédier à ce travers, l’Agence de la transition écologique (Ademe) a créé le label VertVolt. « La réflexion a débuté fin 2018, suite à la publication d’un avis de l’agence révélant un manque de transparence et une efficacité douteuse du système pour réellement verdir le réseau », explique Brice Arnaud, à la direction des bioéconomies et énergies renouvelables. La presse aussi avait souligné ce biais, d’autant plus difficile à résoudre qu’en arrivant sur le réseau électrique, un électron perd sa « couleur » et se mêle à tous les autres. Le label est le fruit de trois ans de travail, supervisé par l’Ademe, associant fournisseurs, producteurs, consommateurs, acteurs publics (Médiateur de l’énergie, DGCCRF) et professionnels des référentiels qualité. Objectif : mettre au point une grille de lecture exigeant, entre autres, l’achat de l’électricité verte et des GO associées au même producteur, français qui plus est. « Le pas de temps exigé pour l’achat conjoint est mensuel. Tout doit être transparent et tracé », souligne Brice Arnaud. Le label ne parle pas que de couleur, il part aussi du principe que l’électron le plus écolo est celui qu’on ne consomme pas : des actions d’incitation à la sobriété et à l’efficacité énergétique sont exigées pour l’obtenir.

Deux niveaux d’engagement ont été définis et matérialisés dans la signature graphique : « engagé » (le fournisseur compose son offre en contractualisant avec des producteurs bien identifiés) et « très engagé » (offre composée à plus de 25 % avec des producteurs dont les installations construites après 2015 n’ont pas bénéficié de soutiens publics, ou ayant placé leur entreprise sous une gouvernance partagée). Et une mention en option, « sans nucléaire » : le fournisseur renonce ici à son droit d’accès à l’ARENH, un dispositif qui lui donne accès, à prix régulé, à l’électricité produite par les centrales nucléaires historiques.

Sept offres labellisées pour commencer

« La priorité était d’avoir des offres labellisées dès le lancement du label, pour un meilleur impact et inciter les fournisseurs à monter en qualité. Ceux-ci ont eu la possibilité de se positionner dès mi-septembre 2021, en remplissant un dossier de candidature et une lettre d’engagement. L’audit sur site aura lieu dans un deuxième temps, comme le prévoit le référentiel », explique Jérémie Mella, responsable du projet chez AFNOR Certification. Au nombre de cinq, les premiers fournisseurs à afficher des offres labellisées (sept en tout) seront donc audités début 2022 pour vérifier leur activité et pérenniser leur(s) label(s) pour les trois ans qui viennent. « Nous sommes satisfaits de cette première palette de fournisseurs, qui montre que VertVolt est adapté à tous : petit ou grand, nouveau ou historique, généraliste ou 100 % renouvelables », apprécie Jérémie Mella.

Côté « petits », Planète OUI se réjouit de l’approche exigeante du label. Grégoire François, portfolio manager, en attend « un impact fort, les consommateurs étant demandeurs de transparence et de plus en plus enclins à changer de fournisseur ». « Nous avons apprécié le travail conduit avec AFNOR Certification pour affiner encore nos offres, notamment celles liées à des installations sous gouvernance partagée ou mises en place sans soutien de l’Etat », ajoute-t-il. Autre labellisé, Enercoop salue ce nouveau label « qui répond en grande partie aux attentes des consommateurs ». D’autant que ce fournisseur n’a pas eu beaucoup d’efforts à faire : « Nous rentrions déjà dans les critères du référentiel, avec l’achat conjoint, les contrats directs avec nos producteurs français et une priorité aux projets locaux », expose Eugénie Bardin, responsable des affaires publiques. Aux côtés de ces deux fournisseurs, EDF, Engie et Plüm Energie complètent le quintet de ceux ayant décroché le label tout de suite. « Transparence, dynamisme du marché vert, développement des producteurs renouvelables… Nous mesurerons les résultats de VertVolt tous les ans en octobre », précise Brice Arnaud à l’Ademe. D’ici là, les fournisseurs sont invités à travailler leurs offres et à se porter candidats. Après la première série d’audits de 2022, la suivante aura lieu à partir de février 2023, et portera sur la période d’activité de décembre 2021 à novembre 2022.