En améliorant son score lors d’une nouvelle évaluation AFAQ Eco-conception sur l’un de ses sites franciliens, l’opérateur de centres de données Telehouse veut montrer qu’il ne lève pas le pied en matière de conscience écologique.
Une étude française l’a encore souligné en octobre 2018 : numérique ne rime pas forcément avec écologique. L’énergie nécessaire pour alimenter et refroidir les centres de données distants (datacenters) est responsable de 2 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Autant que l’aviation ! Et comme le flux de données qui y transitent augmente de manière exponentielle, il y a urgence à agir.
Depuis sa création en 1996, l’opérateur Telehouse, filiale européenne de la multinationale japonaise KDDI, en a pris conscience et s’emploie à concilier limitation de l’impact environnemental et développement de l’activité. En France, où il gère trois centres de données, il a choisi de le faire vérifier par un organisme tiers et de l’afficher au moyen de plusieurs signes distinctifs : les certifications ISO 14001 (management de l’environnement) et ISO 50001 (management de l’énergie), suivies, en 2014, d’AFAQ Eco-conception, pour son site de Magny-les-Hameaux, dans les Yvelines L’entreprise est alors la première de son secteur à se lancer dans cet exercice d’évaluation qui débouche sur une « note » accordée selon le degré de maturité de la démarche, sur un total de 1 000 points.
« Cette démarche évalue, sur la base de cent critères, les process et méthodologies mis en place par l’entreprise pour réduire les impacts environnementaux à la source, de la conception du bâtiment au choix des équipements informatiques, en passant par la consommation et les déchets générés », explique Didier Méritel, le consultant mandaté par AFNOR Certification pour conduire l’audit de renouvellement, qui a débouché en 2017 sur la mention « Confirmé », un cran au-dessus de celle de 2014.
AFAQ Eco-conception : le matériel passé au crible de l’ACV
À Telehouse, tout a commencé par une analyse de cycle de vie des équipements composant le datacenter de Magny-les-Hameaux : bâtiment, réseau électrique, clim, parc informatique, etc. Menée par le bureau d’études Neutreo, cette méthode, dite aussi ACV, passe en revue l’ensemble des impacts de l’objet considéré, sur chaque étape de son cycle de vie, de l’extraction des matières premières au traitement en fin de vie : consommation d’eau, d’énergie, émissions atmosphériques, épuisement des ressources naturelles, contribution au réchauffement climatique, etc. « L’ACV nous a permis de faire le bon choix au moment des achats et à la conception de notre architecture cloud », relate Alexandre Le Faucheur, responsable de la sécurité des systèmes d’information de Telehouse pour l’Europe.
Aujourd’hui, les consommations d’électricité du site sont couvertes par des certificats de garantie d’origine renouvelable. Par ailleurs, chaque renouvellement de matériel est l’occasion d’acquérir les équipements les plus performants, sur la base d’une grille de critères où la consommation d’énergie a autant de poids que le prix ou les caractéristiques techniques. Dans une approche similaire, la salle abritant les serveurs est maintenue à une température adaptée en utilisant au maximum l’air extérieur, et donc le moins possible de froid artificiel, la clim représentant généralement 30 à 40 % des dépenses d’énergie d’un datacenter..
Eviter la pose et la dépose de câbles
L’entreprise propose également une plateforme de cloud computing, technologie qui permet de mutualiser une même infrastructure physique au bénéfice de milliers d’autres machines, limitant d’autant les coûts de maintenance, d’alimentation et de refroidissement. Bilan : 30 % de consommation énergétique en moins, et la possibilité, pour le client, de s’en prévaloir en termes d’empreinte écologique. « Sur la partie colocation, nous avons migré vers une infrastructure en Meet-me-room », ajoute Alexandre Le Faucheur. Ce hub pré-câblé en fibre optique relie toutes les baies entre elles, limitant la production de déchets puisqu’il n’y a plus pose ni dépose des câbles en cuivre autrefois nécessaires pour interconnecter les différents clients (lire aussi en encadré).
L’évaluation d’AFNOR Certification n’entérine pas seulement le travail effectué. Elle permet aussi à l’auditeur de présenter des préconisations susceptibles de faire encore progresser l’entreprise. « Didier Méritel a notamment proposé un indicateur mesurant le rapport entre coût d’exploitation et puissance énergétique consommée, souligne Alexandre le Faucheur. Une idée intéressante, mais pas évidente à mettre en œuvre. » On en saura davantage en 2020, lors du prochain exercice !
Hébergement : physique ou virtuel ?
Telehouse propose deux services différents. La « colocation » est un hébergement physique. Chaque client loue un espace dans lequel il installe et gère ses propres équipements. Telehouse peut lui conseiller les matériels les moins énergivores, mais sa marge de manœuvre est limitée à l’architecture du bâtiment et à son système de refroidissement. Le « cloud computing », de type IaaS (Infrastructure as a service), est, lui, un hébergement virtuel, « en nuage ». Dans ce cas, tous les équipements, qui appartiennent à Telehouse, peuvent être éco-conçus, car seuls les logiciels applicatifs sont gérés par les sociétés clientes.
En savoir plus sur l’évaluation AFAQ Eco-conception d’AFNOR Certification
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