La RSE, chasse gardée de l’élite ? Pas chez Abalone !

Sylvain Prioult, directeur QSE du groupe Abalone France, labellisé Engagé RSE niveau « Exemplaire » depuis 2022 (crédit photo : studio Tancrède).
Sylvain Prioult, directeur QSE du groupe Abalone France, labellisé Engagé RSE niveau « Exemplaire » depuis 2022 (crédit photo : studio Tancrède).

Faut-il  être bac + 5 et cadre d’un grand groupe pour s’engager en RSE ? Non, mais une certaine tendance à la gentrification semble s’installer. C’est le constat de Sylvain Prioult, directeur qualité sécurité environnement du groupe Abalone Emploi, labellisé Engagé RSE niveau « Exemplaire » depuis 2022. Cet ancien consultant défend au contraire une RSE de terrain, accessible à tous et opérationnelle. 

La RSE est-elle le pré carré de certains métiers ?
Sylvain Prioult –
Par définition, non. Mais en pratique, elle peut l’être : c’est est en train de devenir une démarche réservée aux grandes entreprises, aux comités de direction et aux cadres supérieurs. Dès qu’on descend dans la hiérarchie, les collaborateurs sont égarés et se désintéressent. Ils vont finir par se sauver, lassés par les courants descendants. Par contre si l’on change d’approche en leur demandant « Que faites-vous de bien dans votre entreprise ? », « De quoi êtes-vous le plus fiers ? », on leur fait réaliser qu’ils font de la RSE à leur insu. C’est ce qu’a révélé, chez nous, la labellisation Engagé RSE avec AFNOR Certification. Pour de nombreuses entreprises, la RSE n’était pas le postulat de départ. Certaines la découvrent à l’occasion d’un reporting, exercice qui n’est pas la façon la plus noble pour s’immerger. La culture RSE n’est pas encore naturelle et acquise. J’observe aujourd’hui deux écoles : d’une part les responsables RSE pur jus, d’autre part ceux qui viennent d’autres horizons (QSE, RH, etc.)


« La RSE est en train de devenir une démarche réservée aux grandes entreprises, aux comités de direction et aux cadres supérieurs.«  – Ecoutez Sylvain Prioult dans une vidéo short sur Youtube


Comment parlez-vous de RSE avec vos équipes ?  
Sylvain Prioult – Concrètement, je les encourage à avoir les pieds sur terre, afin qu’elles ne soient pas écœurées par la RSE et accablées de reporting. Tous les jours, on me vend des logiciels-miracles qui vont me permettre de faire de la RSE. Ce ne sont pas les moyens techniques qui vont me permettre de faire la RSE, c’est une volonté, incarnée par des actions simples. J’affirme qu’on peut faire de la RSE pas chère, simple, pour soi. Je ne souhaite pas que la RSE devienne un processus où chacun passe du temps derrière un ordinateur à remplir des tableaux. En tant que directeur qualité-santé-environnement, je crois à un engagement RSE du quotidien, porté par l’action et l’attitude de mes collaborateurs, avec un soutien au quotidien de notre direction.

Qu’est-ce qui vous a décidé à vous tourner vers le label Engagé RSE ?
Sylvain Prioult – L’interne, les ressources humaines ! Quand j’ai décidé de recourir à la labellisation Engagé RSE, j’avais en tête les 80 agences du groupe Abalone et leurs collaborateurs. Je souhaitais un format qui valorise mes collègues, leurs interactions entre eux et avec leurs parties prenantes externes, en l’occurrence des demandeurs d’emploi, des missions locales, des associations pour la jeunesse, etc. Notre adhésion au Pacte Mondial Réseau France fut une première étape, un tremplin, pour avancer dans les méandres de la RSE, mieux connaître les ODD et pouvoir échanger avec d’autres entreprises d’autres secteurs d’activité. Le label Engagé RSE nous est apparu comme une suite logique à cette démarche. Quelle fierté qu’une personne externe au groupe nous observe, évalue notre façon de faire notre métier sur site, en contexte, sur la base d’une référence internationale – la norme ISO 26000 – et émette un avis positif ! A une époque anxiogène, ce type d’exercice rationalise notre action, entre points forts et points d’effort.


« La RSE, c’est de l’action avant d’être du reporting.«  – Ecoutez Sylvain Prioult dans une vidéo short sur Youtube


Justement, quels ont été les points forts et points d’effort relevés lors de votre évaluation ?
Sylvain Prioult –
Notre évaluatrice a jugé que nous avions réussi à déployer notre démarche auprès des parties prenantes clés du groupe, des collaborateurs aux intérimaires en passant par les responsables d’agence et les partenaires. Elle a relevé l’engagement de l’équipe de direction, notre vision du travail responsable et humaniste lié à un territoire, notre stratégie qui tend vers les principes du Pacte mondial, les ODD, notre fondation Abalone, nos chartes d’achats responsables, etc. Mais nous ne pouvons pas nous en contenter : l’intérêt de la labellisation est qu’elle nous engage dans un processus d’amélioration continue entre chaque renouvellement. Dans les mois qui suivent, nous souhaitons nous affirmer comme une référence en RSE dans le secteur de l’emploi et de l’intérim, connecter notre engagement RSE à nos stratégies RH et commerciale, mieux anticiper les évolutions réglementaires et sociétales (loi climat, métiers en tension, etc.)

Quel conseil donneriez-vous à une petite entreprise de services qui initierait sa démarche RSE ?
Sylvain Prioult –
Demandez-vous pourquoi les gens sont toujours chez nous ? Qu’il s’agisse du personnel, de la clientèle, des fournisseurs… Ils pourraient aller à la concurrence et pourtant, ils restent. Ce sont vos forces et elles portent sûrement les germes d’une démarche RSE, mais vous ne le savez pas encore.