Chez Hoya, la RSE est regardée de très près

Jean-Michel Lambert, directeur général de Hoya Vision Care France, entreprise labellisée Engagé RSE (crédit : HOYA).
Jean-Michel Lambert, directeur général de Hoya Vision Care France, entreprise labellisée Engagé RSE (crédit : HOYA).

L’entreprise Hoya Vision Care France, spécialisée en innovation ophtalmique avec ses verres Hoya et Seiko, a obtenu, en février 2023, son premier label Engagé RSE d’AFNOR, au niveau « confirmé ». Ancrage territorial en France pour un groupe japonais, industrie verte, relocalisation de la production et circuits courts… Son directeur général Jean-Michel Lambert revient pour nous sur ses principaux défis de RSE.

Quel type de RSE peut bien déployer une entreprise de l’optique comme Hoya ?

Notre démarche RSE a été officiellement formalisée, au niveau monde il y a deux ans, dans un  programme qui s’appelle « One Vision » et qui repose sur trois axes principaux : la communauté, l’environnement et le bien-être au travail. Vous pouvez en avoir un aperçu ici. En France, nous avons concrétisé cette démarche par 23 engagements qui recouvrent un périmètre assez large. Le renforcement de la production française des verres dans notre usine d’Emerainville à Marne-la-Vallée (77), la préservation des ressources avec un circuit d’eau fermé dans cette usine qui nous permet de réduire notre consommation de 20 %, la valorisation des rebuts de verre, notre politique RH engagée avec des conditions de travail améliorées, des plans de formation et un score de 97 sur 100 à l’index d’égalité professionnelle en sont quelques exemples. A quoi il faudrait ajouter de nombreuses initiatives de proximité, telles que des actions de nettoyage autour de l’usine ou encore notre mobilisation pour la reforestation.


« Notre objectif, à terme, est de relocaliser 80 % de la production en France. » Jean-Michel Lambert, Hoya Vision Care France


Qu’est-ce que votre démarche RSE a de plus original ?

Notre originalité tient dans la mission de notre entreprise qui est d’apporter une meilleure vue au plus grand nombre à chaque âge de la vie. C’est le sens de notre métier. Fin 2020, nous avons concentré notre R&D sur un verre révolutionnaire capable de ralentir la myopie évolutive des enfants de 60 %. On estime que cinq milliards de personnes, soit la moitié de la population mondiale, pourraient être touchées par la myopie d’ici à 2050. C’est un réel sujet de santé publique. Or, le taux annuel de progression de la myopie est plus rapide chez les enfants de moins de dix ans. Par ailleurs, au niveau du groupe, nous venons de renouveler pour trois ans notre partenariat avec l’organisation caritative Orbis International. Ce soutien financier permettra notamment à 500 000 écoliers en Inde d’accéder à des soins oculaires (dépistage des problèmes de vision et fourniture de lunettes). Mais pour moi, en matière de RSE, le petit pas compte autant que le grand. Avant d’être originaux, soyons modestes.

Comment développez-vous votre ancrage territorial alors que vous appartenez à un groupe japonais ?
Nous sommes implantés en France depuis plus de vingt ans et employons 230 salariés. Chaque jour, près de 2 000 verres sont fabriqués dans notre usine d’Emerainville. Nous contribuons au développement des activités de production en France et préservons le savoir-faire industriel du pays. Pour preuve, nous avons élargi notre offre de verres labellisés Origine France Garantie en 2020 : notre objectif, à terme, est de relocaliser 80 % de la production en France, alors que nos concurrents ne dépassent pas les 20 %. C’est un engagement fort. Nous voulons ainsi pousser les circuits courts et réduire le transport, donc les émissions de gaz à effet de serre.


« Notre démarche constitue un atout majeur pour nos réponses aux appels d’offres et notre marque employeur. » Jean-Michel Lambert, Hoya Vision Care France


Que vous inspire le projet de loi portant sur l’industrie verte ?

Au-delà de la question de la préservation des ressources, ce qui va surtout changer dans l’industrie, c’est l’approvisionnement : le coût ne pourra plus être le seul critère d’évaluation. Une nouvelle ère industrielle s’ouvre avec d’autres paramètres que le paramètre financier, dont le paramètre environnemental. Depuis la crise du covid, le tout « made in China », c’est fini. On tend vers un multisourcing plus équilibré, avec une économie plus locale et des circuits plus courts. Nous lançons un chemin vers la décarbonation, mais il y a encore beaucoup à faire et il y aura sûrement des étapes intermédiaires, des évolutions à venir… À nous de rester concentrés sur l’objectif final.

Vous avez obtenu le label Engagé RSE au niveau « confirmé » (c’est-à-dire 3 sur 4), ce qui est remarquable à l’issue d’une première évaluation. Qu’est-ce qui explique ce succès ?

D’abord, nous avions déjà lancé de nombreuses initiatives et actions depuis plusieurs années. La démarche RSE du groupe a été lancée il y a deux ans, mais en France, nous menons des actions de RSE depuis environ six ans. Ensuite, en interne, je crois que nous avions atteint une certaine maturité sur le sujet : sensibilisés à la RSE, les collaborateurs savent qu’il y a des priorités à définir et des compromis à faire. Enfin, notre entreprise fonctionne aujourd’hui très bien en gestion de projet, les équipes savent se mobiliser de façon transversale.

Pourquoi avez-vous choisi AFNOR Certification et non pas un signe de reconnaissance concurrent ?

AFNOR Certification jouit d’une excellente réputation. Sa renommée n’est plus à faire ! Son label est devenu une référence. Et son audit est complet et exigeant. Cela nous a paru assez naturel de nous tourner vers eux. Nous faisons désormais partie d’un club qui est encore restreint, celui des 600 labellisés Engagé RSE. Ce club ne demande qu’à grandir. Nous avons tous à apprendre de l’expérience RSE des autres.

Qu’est-ce que ce label change pour vous ?

L’audit nous a permis de nous mettre à niveau, en quelque sorte. Il a joué le rôle de booster. Ce label d’AFNOR va permettre à notre démarche RSE d’être reconnue à la fois en interne et à l’externe : désormais, nos parties prenantes (collaborateurs, candidats, fournisseurs, clients, etc.) connaîtront notre niveau d’exigence et nos ambitions à ce sujet. Cela nous apporte une réelle valeur ajoutée. Notre démarche constitue un atout majeur pour nos réponses aux appels d’offres et notre marque employeur. Les collaborateurs veulent donner du sens à ce qu’ils font. Et la RSE permet justement de créer de la résonance entre les aspirations individuelles et collectives.