Avec plus d’un milliard d’habitants, 56 nationalités, 7 langues et de nombreux dialectes, la Chine valorise une grande diversité de cultures et dispose de ses propres codes. Jenny Lebot Fei, représentante du groupe AFNOR en Chine, livre ses conseils pour les Européens qui voudraient s’y établir. Un article paru dans le magazine Classe Export de janvier-février 2017.
Se développer en Chine, est-ce une aventure ?
Il y a dix ans, c’était vraiment très difficile pour un Français d’y vivre et d’y travailler. Depuis, le pays s’ouvre, beaucoup de Chinois ont voyagé, voire vécu en France. C’est donc plus facile. Il y a néanmoins des codes importants à intégrer, dont deux essentiels à mes yeux. Le premier est qu’il ne faut pas que votre interlocuteur chinois « perde la face ». Cela veut dire par exemple qu’il ne faut pas relever une erreur, même minime, en présence de son supérieur hiérarchique ou d’un public. Si vous le faites, vous perdez toute chance de développer votre relation, le « Guān Xì » en chinois.
Le deuxième est que la politique est un sujet très sensible. Il y a des rivalités historiques entre les régions du pays, legs de l’époque coloniale notamment, et la situation évolue régulièrement. Il faut donc se tenir au courant, mais je conseille d’éviter le sujet. La Chine est un grand pays mais il y a des barrières invisibles. Par exemple, parler avec un fort accent de Chine occidentale peut-être un handicap pour travailler à Hong Kong. Je conseillerais donc aux Européens de choisir leurs partenaires locaux avec cette variable à l’esprit.
La méconnaissance des codes locaux peut-elle être un handicap ?
Oui, mais il ne faut pas avoir non plus de complexes. Pour ma part, j’ai un parcours difficile à cerner. Je suis née à Shanghai avant d’émigrer à Hong Kong, une ex-colonie britannique qui a conservé un esprit un peu « supérieur » ; j’ai vécu en France et je suis aujourd’hui de retour en Chine, pour le compte d’une société française. On s’interroge régulièrement sur mon origine, mon accent. Je commence donc souvent mes premiers échanges par une rapide présentation de mon parcours, cela créé un cadre propice et détendu. De manière générale, si vous êtes perdu face à un comportement, je recommande de rester très humble, par exemple en s’excusant : « désolé, je ne connais pas bien votre culture, pouvez-vous m’aider à décoder ? » Cela fonctionne bien.
Qu’est-ce qui peut choquer un Européen dans les méthodes de travail ?
Le rythme, incontestablement. Ici les gens travaillent à 200 à l’heure, sept jours sur sept, 24 heures sur 24. Il ne faut donc pas être surpris si un client vous téléphone le week-end. On est bien loin des débats français sur le droit à la déconnexion ! L’usage des réseaux sociaux type Wechat est très répandu et permet de contourner les canaux classiques tels que l’email. L’« ultra connectivité » peut donc être un avantage pour développer des relations. Il faut se rendre disponible, s’adapter, face à des comportements que l’on pourrait trouver excessifs en Europe. Ce conseil vaut également pour les moments conviviaux, et notamment la tradition du toast, lors d’un repas. C’est un geste très amical, une marque de respect dans un univers professionnel. Donc je recommande de faire l’effort. Les Chinois commencent toutefois à accepter que l’on puisse ne pas autant consommer d’alcool qu’ils peuvent le faire à cette occasion. Là encore, il faut le dire au préalable.
Quelles particularités observez-vous sur le fonctionnement des entreprises ?
Ici, il y a beaucoup de joint-ventures. Le risque, face à cette situation, est de penser que détenir la majorité des capitaux suffit pour contrôler l’activité. Ce n’est pas comme cela que ça marche, je l’ai déjà observé chez un client en certification. Une absence de salariés sur le terrain est un handicap face à un actionnaire local et ses équipes. Il faut donc se faire sa place, physiquement. Lors d’appels d’offres, beaucoup de choses sont faites officieusement car les pratiques sont dictées par des règles non écrites. Il faut donc être très attentif. Et ici, nous le sommes, pour gagner des contrats de formation à l’audit ou des projets de certification en qualité, sécurité, environnement, ferroviaire et automobile. Onze ans après notre implantation en Chine, nous sommes devenus leader en certification IRIS (ferroviaire) et c’est un signal positif pour notre développement. Notre quadrillage du territoire y est certainement pour quelque chose : une centaine de personnes sont réparties entre Shanghai, Guangzhou, Chengdu, Fuzhou et Changsha.
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