A la RATP, la RSE est sur de bons rails

La RATP a obtenu le label Engagé RSE au niveau « exemplaire » (crédit photo ©EschCollection/Getty Images)

Sophie Mazoué, directrice du développement durable et de la RSE de la RATP, revient sur le lien naturel qui unit une entreprise d’intérêt général à la responsabilité sociétale. Elle souligne sa préoccupation permanente de gagner en efficacité énergétique sur les 4 860 bus, 14 lignes de métro, 8 lignes de tramway et 2 lignes de RER opérées par la régie. Et détaille comment l’innovation l’aide à structurer sa politique RSE globale.

En quoi service public et RSE sont-ils liés ?

Sophie Mazoué – La RATP est une entreprise publique qui, par définition, est tournée vers l’intérêt général. Lorsque nous avons travaillé sur notre raison d’être, la notion de service public, historiquement très présente au sein du groupe, a été questionnée au profit d’une nouvelle vision du service public capable de lier humain et performance. Cela nécessite de trouver l’équilibre pour être un groupe attractif économiquement avec des valeurs humaines fortes. Et puis, le groupe RATP, qui est le troisième opérateur mondial de mobilité urbaine durable, propose une offre de service bas-carbone. Nos métros et RER émettent 60 fois moins de gaz à effet de serre que nos voitures.

Justement, quelle est votre raison d’être ?

Sophie Mazoué – « S’engager chaque jour pour une meilleure qualité de ville. » C’est le fruit d’un travail d’un an durant lequel nos collaborateurs se sont réunis en divers ateliers. Notre mission est donc de promouvoir des villes durables et inclusives, avec trois lignes conductrices : faire gagner du temps à nos usagers, leur offrir un service plus performant, rendre nos transports les plus accessibles et les moins polluants possible.

Comment intégrez-vous l’innovation à votre stratégie ?

Sophie Mazoué – Les exemples ne manquent pas. A chaque renouvellement de matériel roulant, nous gagnons en performance environnementale et en performance énergétique, de 30 à 50 %. Avec l’appui d’Île-de-France Mobilités, nous nous sommes engagés à convertir l’ensemble de nos 25 centres bus à l’électricité et au biométhane à l’horizon 2025. Et nous avons été le premier réseau au monde à remplacer nos éclairages souterrains par des leds (opération dite de relamping), permettant une économie d’énergie de 50 % sur le volet éclairage.

L’audit d’évaluation nous a fait prendre conscience que nous devions impliquer davantage nos parties prenantes et que social, sociétal et environnemental interagissaient naturellement.

Sophie Mazoué, RATP

A quel moment la RSE est-elle apparue à la RATP ?

Sophie Mazoué – C’est ancré dans la culture de l’entreprise depuis longtemps, même si on ne parlait pas forcément de RSE. A partir de 2009, nous avons défini notre politique RSE en travaillant à la fois sur notre impact environnemental et sur les aspects sociaux et sociétaux. On vient d’évoquer quelques exemples sur l’énergie et le climat. Ce que l’on sait moins, c’est notre action sur les déchets : plus de 99 % sont valorisés, dont les pièces et huiles provenant du matériel roulant. Nous sommes également très impliqués dans le premier quartier à économie circulaire d’Europe, dans les 12e et 13e arrondissements de Paris, où se trouve notre siège. Nous avons créé un réseau de partenaires pour mettre en place des actions d’écologie industrielle : mutualiser les flux de déchets, trouver des filières de valorisation communes, tester le transport des déchets par voie fluviale.

Que vous a apporté le label Engagé RSE et la méthodologie d’AFNOR Certification ?

Sophie Mazoué – C’est en 2017 que nous avons structuré notre politique RSE sur le modèle de la norme ISO 26000. AFNOR Certification nous a fait prendre conscience que nous devions impliquer davantage nos parties prenantes et que social, sociétal et environnemental interagissaient naturellement. A l’issue de l’audit d’évaluation, nous avons obtenu le label Engagé RSE au niveau « exemplaire » (le meilleur des 4 niveaux), trois ans après avoir obtenu le niveau « confirmé » (niveau 3).

Justement, parlez-nous de quelques actions sociales que vous menez…

Sophie Mazoué – Malgré l’image que les médias renvoient de nous, nous avons un très bon dialogue social. Notre taux de conflictualité est très bas, en témoignent les 25 accords d’entreprise signés en 2021. Notre politique d’égalité femmes-hommes nous a permis d’obtenir la note maximale de 100 pour l’index de l’égalité salariale. Nous avons gommé les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes et atteint la parité au sein du comex. Notre politique d’inclusion nous a fait travailler sur l’égalité des chances concernant les promotions, la parentalité, l’intégration des travailleurs handicapés à nos quelque 200 métiers. Nous avons par ailleurs formé 86 % de notre personnel d’accueil dans nos gares et stations à l’accompagnement des personnes déficientes intellectuelles présentant un handicap mental ou psychique.

Et des actions sociétales ?

Sophie Mazoué – Par le biais de notre fondation, nous avons distribué 982 000 euros à 81 projets axés sur l’accès à l’emploi, la culture ou la transition écologique. Au total, 210 000 personnes en bénéficient. Nous avons aussi mis en place le Recueil social, un programme doté de 6 millions d’euros et impliquant 60 agents volontaires qui orientent les personnes sans-abri présentes sur notre réseau vers des espaces d’accueil et d’hébergement. Enfin, nous avons organisé des concours de poésie, des castings pour permettre à 300 musiciens de se produire dans nos métros, et multiplions les partenariats culturels pour faire connaître leurs talents au travers d’affiches ou autres.