Chez Banque Populaire, la RSE tient en un abécédaire

Yves Sand
Yves Sand, Directeur Développement durable, RSE et Innovations à la Banque Populaire Lorraine Champagne.

Chez Banque Populaire Alsace-Lorraine-Champagne, la responsabilité sociétale a infiltré tous les pans du management d’entreprise. Elle tient en cinq lettres : ABCDE. Yves Sand, son directeur RSE, décrypte cet abécédaire, autour des notions de frugalité et d’amélioration continue.

Comment a été pensée votre politique de RSE ?

Yves Sand – Elle se décline autour de trois axes : satisfaire aux contraintes réglementaires existantes et futures ; anticiper les mutations sociales, environnementales et sociétales (essor du digital, décarbonation, bien-être au travail, etc.) ; structurer une performance durable dans un monde concurrentiel. Les exigences de performance sont très fortes et deviennent de plus en plus extra-financières, ce qui nous demande de réduire notre exposition aux risques, de trouver des nouvelles sources d’économies et de chiffre d’affaires.

Quand a commencé votre démarche d’amélioration continue ?

En 2014, nous avons décidé de nous faire évaluer par un organisme tiers indépendants. La première évaluation d’AFNOR Certification nous a octroyé 432 points sur 1 000, le niveau 2 du label Engagé RSE, non loin du niveau de maturité fixé à 501 points. En 2017 nous en avons obtenu 520 et en 2020, 657. Nous ne sommes plus qu’à 44 points du niveau exemplaire !

Pourquoi se faire évaluer ?

L’objectif n’est pas d’empiler les diplômes, mais d’en retirer une méthodologie structurante pour nos équipes. Cela répond aussi à notre besoin de transparence, de preuves, de démonstration pour être sûrs que nos actions ne tombent pas dans le greenwashing ou le socialwashing.

Comment s’illustre votre démarche RSE quand vous lancez un projet ?

En 2011, notre siège comptait 12 000 m² de bureau, dont les deux tiers très vétustes. Plusieurs solutions s’offraient à nous : déménager ou rénover, la seconde étant plus coûteuse. Nous avons fait le choix de rester, car nous étions à quelques centaines de mètres de la gare. Cela permet à 22 % de nos salariés d’arriver en train, moins fatigués et moins stressés : moins de risques d’accident, pas de place de parking à chercher. À cela s’est ajouté un plan de déplacement d’entreprise, pour promouvoir la mobilité douce.

Ensuite, nous avons pensé l’aménagement de nos locaux en y réservant une crèche de 25 places (dont 7 réservées à des enfants en situation de handicap), un restaurant d’entreprise avec 50 % d’aliments issus de circuit court et 20 % de produits bio, ainsi qu’un amphithéâtre.

Sur le plan environnemental, nous avons suivi le référentiel NF HQE et obtenu le niveau exceptionnel de la certification (comme seulement neuf autres titulaires en France aujourd’hui). Et cela, en ménageant l’aspect patrimonial : notre bâtiment est en voie d’être reconnu au patrimoine mondial de l’Unesco. Pour le rénover, nous avons fait appel à un chantier d’insertion spécialisé dans le réemploi de matériaux, les fenêtres par exemple. A son issue, les containers de chantiers ont été transformés en cellules de vie pour personnes en difficultés financières.

Quelles autres actions empreintes de RSE avez-vous initiées ?

Nos actions doivent décliner une démarche dite « ABCDE » :

  • A pour Agence banque citoyenne. Ce pilier met l’accent sur des actions qui bénéficient au territoire, hors champ réglementaire et sans visées commerciales : mécénat, octroi de crédits locaux, bénévolat de nos salariés, etc.
  • B comme bonus climatique. C’est notre contribution pour la planète : bâtiments économes, consommables recyclés, mobilités douces, efficacité énergétique, achats responsables. Tout cela a eu pour vertu de diminuer de 20 % notre bilan carbone et de bâtir, dans les Vosges, la première agence bancaire entièrement réalisée en bois, passive sur le plan énergétique.
  • C comme co-construction avec les parties prenantes. Nous avons utilisé les matrices de matérialité pour vérifier, sur des sujets RSE portés par notre banque, le degré d’importance qu’il revêt chez nos fournisseurs, clients ou salariés. Pour nous aider dans ce travail, nous avons fait appel à une doctorante qui a réalisé sa thèse sur les matrices dans la banque.
  • D comme dynamique verte et solidaire. Nous avons mis en place des gammes de financements pour inciter nos clients à privilégier les logements de haute qualité environnementale. Nous avons aussi développé les fonds ISR (investissements socialement responsables) à proposer à nos clients et le soutien à des organismes de micro-crédit. Enfin nous avons rendu nos centres de clientèle accessibles aux personnes sourdes et muettes.
  • E comme Employeur exemplaire. Pour ce volet, citons le programme de qualité de vie au travail BESSST (bien-être, santé, solidarité, sport et travail) qui permet, par exemple, aux collaborateurs de retour d’un arrêt-maladie de longue durée de bénéficier pendant trois mois des services d’un coach sportif, d’un psychologue et d’un diététicien. On peut aussi citer le programme « Human first » qui favorise les relations authentiques entre managers, et entre managers et clients, ou nos efforts de féminisation de l’encadrement (45 % aujourd’hui), qui nous ont valu le label Egalité professionnelle.

Je conclus avec ce résultat : toutes ces mesures font que le taux de satisfaction de nos employés atteint 95 % et le taux d’implication de nos salariés dans l’entreprise, 75 %.