Chez De Sangosse, la RSE appartient aux salariés

Le groupe de phytosanitaires De Sangosse, basé à Agen, parle de sa politique RSE récompensée par le label Engagé RSE d’AFNOR Certification. (crédit photo : AdobeStock).

Un capital détenu à 70 % par les salariés, un refus de créer une direction de la RSE… Comment le groupe De Sangosse écrit-il son histoire pour prendre les bons virages face aux crises et aux évolutions du marché ? Réponses avec Sébastien Prouzet, responsable du pôle HSE services généraux et du groupe de travail RSE de cette entreprise de phytosanitaires labellisée Engagé RSE.

Quelle est la singularité de votre groupe en termes de RSE ?

Sébastien Prouzet – En 1989, la famille De Sangosse a choisi de vendre 70 % de ses parts aux salariés et de ne s’ouvrir que très peu aux capitaux bancaires. Ainsi, ce sont les salariés qui ont leur destin en main, sans pression de qui que ce soit. Cela crée de fait un très bon climat social. De plus, nous avons fait le choix de ne pas avoir de direction RSE, de façon à ce que chacun soit impliqué dans la RSE. Finalement, n’importe quel cadre de l’entreprise pourrait répondre à cette interview !

Comment organisez-vous donc la gouvernance de votre entreprise ?

Sébastien Prouzet – Nous sommes une société par actions simplifiées (SAS) et nous avons créé, au-dessus du comité social d’entreprise (CSE), un conseil d’entreprise qui a pour vocation de négocier tout accord d’entreprise. Celui-ci à droit de véto sur toute la partie formation, le choix des mutuelles et celui de la prévoyance. Nous avons également constitué un groupe composé de 8 personnes qui conduit la stratégie RSE. Il est aussi chargé d’impliquer et de sensibiliser les autres salariés à la RSE.

Quels sont les effets sociaux d’un capital détenu à 70 % par les salariés ?

Sébastien Prouzet – Le taux d’absentéisme est bien inférieur à la moyenne nationale, puisque les richesses gagnées par l’entreprise sont pour l’essentiel redistribuées aux salariés. Par conséquent, ceux-ci se sentent impliqués. Le pourcentage du budget affecté à la formation est lui aussi conséquent. Il nous a permis par exemple, lors de la période COVID, d’offrir des formations en ligne à nos salariés, de mettre à leur disposition un psychologue du travail, de mener des enquêtes sur le bien-être au travail. Nos formations sur les gestes et postures sont dispensées à l’ensemble de nos salariés, et pas uniquement à ceux de la production comme c’est souvent le cas. Nous portons une attention particulière à la qualité de vie au travail, avec par exemple un aménagement des postes de travail, des demi-journées d’échanges, la réservation de places à la crèche de la commune et une restauration d’entreprise gérée par 3 salariés.

Le label Engagé RSE niveau « confirmé » nous encourage à aller plus loin et plus vite, notamment sur le thème des achats responsables ou sur nos actions sociétales à l’étranger.

Sébastien Prouzet

Quel virage les salariés ont-ils décidé de prendre ?

Sébastien Prouzet – Il y a dix ans, nous nous sommes remis en question et nous avons commencé à nous tourner vers une agriculture raisonnée. Nous avons décidé d’investir massivement dans les bio-solutions, jusqu’à détenir à ce jour un quart du marché en France. Pour réussir cela, les salariés ont accepté d’affecter une partie de leur prime de résultat dans la recherche et le développement, afin de pérenniser cette nouvelle activité.

Au niveau environnemental, qu’avez-vous décidé ?

Sébastien Prouzet – Tous les sites de notre groupe sont certifiés ISO 14001 et ISO 50001. Nous avons déployé des panneaux photovoltaïques et convertissons progressivement notre parc de véhicules aux modes électrique et hybride. Nous mettons des bornes de recharge électriques à disposition de nos collaborateurs. Nous avons réduit d’un quart les émissions de notre flotte de poids lourds en optimisant le chargement, en évitant les retours à vide et en réorganisant les tournées de livraison.

Comment vous inscrivez vous sur le territoire ?

Sébastien Prouzet – Nous avons développé le mécénat d’entreprise avec des associations sportives et culturelles. Nous soutenons des actions liées à la découverte de nos métiers dans les collèges et les lycées. Nous aidons à la réinsertion professionnelle. Nous faisons appel à des ESAT (Établissements et services d’aide par le travail) dès que nous le pouvons, et faisons travailler le plus possible les fournisseurs locaux, comme cela a été le cas pour effectuer nos travaux d’usine où 95 % des entreprises qui sont intervenues venaient de notre région Nouvelle-Aquitaine, et 50 % d’Agen où nous sommes implantés.

Pourquoi avoir eu besoin de vous faire labelliser Engagé RSE ?

Effectivement, nous faisons de la RSE depuis longtemps. D’ailleurs, nous ne parlons pas de « démarche RSE » mais de « continuité ». Mais nous avions besoin de mieux la structurer pour en tirer des enseignements nous permettant de corriger ou d’amplifier nos actions. Et surtout de les rassembler sous le même étendard : les quatre structures rattachées à la maison-mère doivent toutes aller dans la même direction, et non chacune faire de la RSE à sa façon. Le label Engagé RSE niveau « confirmé » nous encourage à aller plus loin et plus vite, notamment sur le thème des achats responsables ou sur nos actions sociétales à l’étranger.

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