A la fondation Delta Plus, le virus de la RSE et son variant humain

Raymond Volondat et Isabelle Daulhac, président et directrice générale de la fondation Delta Plus, labellisée Engagé RSE.
Raymond Volondat et Isabelle Daulhac, président et directrice générale de la fondation Delta Plus, labellisée Engagé RSE.

Regroupant 11 établissements et 300 salariés, la Fondation Delta Plus accompagne des personnes adultes en situation de handicap ou de fragilité sociale. Mais il a fallu instaurer de la confiance en interne, tout en favorisant un maximum d’autonomie pour les salariés et personnes accueillies. Un acte de RSE que nous exposent Raymond Volondat et Isabelle Daulhac, président et directrice générale.

Comment est née la Fondation Delta Plus ?

Raymond Volondat et Isabelle Daulhac – L’association Delta Plus est issue d’une fusion en 2011 entre deux associations parentales : Les papillons blancs et l’ALAED, qui avaient pour mission d’accompagner des personnes en situation de handicap. Le passage en fondation s’est opéré en 2016. Nous avons hérité d’un management et d’une organisation structurés par consignes orales, sans décisions tracées, sans projet fédérateur. Il y avait un déficit important, un fort taux d’absentéisme, du turnover, une pyramide trop hiérarchisée. Les 35 heures, les nouvelles manières de faire et le souhait d’avoir une gestion plus responsable ont engendré une certaine angoisse. Ainsi, en 2004, nous avions subi une grève générale et plus de 70 saisines prud’homales sur 90 salariés. Autant dire que le tableau était assez sombre et qu’il fallait tout reconstruire.

Le label engagé RSE a donc été une manière d’incarner un changement ?

Raymond Volondat et Isabelle Daulhac – Nous exerçons une activité tournée vers l’humain et l’insertion dans la société. Nous avions besoin d’un projet qui nous fédère, restaure la confiance, fasse travailler les salariés en bonne intelligence et traite tous les sujets auxquels est confrontée notre organisation. Il nous est alors paru naturel de développer une politique de RSE destinée à répondre à ces enjeux et à ceux de demain. Nous avons obtenu ainsi en 2019 le label engagé RSE niveau « engagé » et œuvré pour créer un sentiment d’appartenance à des valeurs.

Comment avez-vous réussi à recréer de la cohésion?

Raymond Volondat et Isabelle Daulhac – Suite à l’engagement du conseil d’administration dans la démarche, nous sommes entrés dans une dynamique de consultation et d’écoute de nos parties prenantes (salariés, familles, personnes accompagnées, etc.). Notre organisation hiérarchique a été revue pour travailler de façon plus transversale en favorisant le dialogue social.

La RSE est comprise et portée par tous, avec comme leitmotiv le respect des droits humains.

Raymond Volondat et Isabelle Daulhac, fondation delta plus

Concrètement, quelles actions avez-vous mises en œuvre ?

Raymond Volondat et Isabelle Daulhac – A travers des lettres d’engagement, la fondation Delta Plus a déployé diverses actions, et notamment en matière sociale :  places réservées en halte-garderie, aides techniques, formations pour réduire les troubles musculo-squelettiques, sport au travail, télétravail avec un suivi assuré par un comité de pilotage partenarial, politique de recrutement responsable (taux de travailleurs en situation de handicap de 24 %, bien supérieur aux 6 %).

Et au-delà du social ?

Raymond Volondat et Isabelle Daulhac – Nous avons mis en place une politique d’achats responsables en participant à divers groupements d’achat et en renégociant nos contrats avec des exigences RSE envers nos fournisseurs et une politique de préservation de l’environnement axée notamment sur le suivi des consommations énergétiques visant à limiter notre empreinte carbone.

Cette organisation vous a-t-elle aidés durant la crise liée à la pandémie de covid-19 ?

Raymond Volondat et Isabelle Daulhac – Nous avons été très durement touchés par le coronavirus dès le 20 mars 2020 avec des infections assez graves, mais la politique que nous avons décrite était déjà en place. Immédiatement, à l’initiative des instances représentatives du personnel, nous avons travaillé ensemble pour trouver des solutions. Nous avons mis en place un comité de suivi de crise en association avec le CSST et le CSE. Nous avons aménagé de nouveaux horaires et organisé une solidarité inter-établissements pour aider les personnels débordés ou malades. Par exemple, certains ont changé de poste, comme les moniteurs qui devenaient animateurs. Notre taux d’absentéisme a même baissé d’un point ! Grâce à cela, nos équipes sont beaucoup plus solidaires et tout le monde va dans la même direction.

Quels sont vos nouveaux projets ?

Raymond Volondat et Isabelle Daulhac – La crise a renforcé nos liens et nos convictions. La RSE est comprise et portée par tous, avec comme leitmotiv le respect des droits humains. Nous voulons démontrer que quelle que soit la différence que chacun porte, il y a toujours un potentiel à développer qui permet de s’inscrire dans la société avec une certaine autonomie. Grâce à la politique mise en œuvre, nous œuvrons pour une émancipation de tous et sommes persuadés que chacun doit pouvoir exprimer son pouvoir de dire et d’agir. A cet effet, nous développons divers projets : résidence intergénérationnelle en zone rurale, dans des appartements au cœur de la cité, hôtel pour servir de terrain d’apprentissage pour les métiers de la restauration, compétences transférables chez d’autres employeurs. D’autre part, ces projets nous permettent de diversifier nos ressources et de créer de l’innovation sociale en étant moins dépendant de l’argent public. Au niveau des établissements, principalement des ESAT, nous déployons des efforts particuliers pour soutenir les personnes en situation de handicap vers le milieu ordinaire. La RSE est un cercle vertueux, nous essayons modestement de nous y inscrire.