Eric Groshens, président d’Inessens, imprimerie réalisant 60 millions d’euros de chiffre d’affaires et labellisée Engagé RSE, explique comment les enjeux de responsabilité sociétale se déclinent dans l’activité au quotidien avec 300 salariés, sans jamais être en opposition avec le développement économique.
Vous dites que la RSE est un chemin. Qu’entendez-vous par là ?
Eric Groshens – Plus qu’un chemin, c’est un escalier que nous cherchons à gravir depuis vingt-six ans, en essayant de nous améliorer tous les jours. La RSE est avant tout une attitude, un comportement, une posture d’écoute de toutes nos parties prenantes et de la planète. Nous avons construit des valeurs qui n’avaient pas pour but de paraître, mais d’être !
Pourquoi avez-vous cherché obtenir le label Engagé RSE ? Que vous a-t-il apporté ?
Eric Groshens – Nous n’avons pas fait tout cela seulement pour avoir un label, nous l’avons fait pour donner un cadre à nos échanges, nous évaluer sur ce que nous faisions de bien et de moins bien. Nous ne l’avons jamais fait dans une optique d’être jugés. AFNOR Certification l’a bien compris ; le partage a été riche. Nous avons passé une évaluation sans audit préalable. Nous n’avons rien préparé à l’avance, nous avons juste fait état de nos actions, nos valeurs, notre état d’esprit et nous avons été labellisés Engagé RSE niveau « confirmé » (soit le niveau 3 sur 4).
Pour reprendre votre image de l’escalier, quelles sont les premières marches que vous avez montées ?
Eric Groshens – La première est celle de l’implication de nos parties prenantes dans une démarche d’engagements réciproques. Par exemple, cela peut prendre la forme d’un échange sur l’idée comme quoi il vaut mieux acheter plus cher mais de meilleure qualité, investir pour être moins polluant ou moins destructeur de l’environnement. L’écologie n’est pas antinomique de l’économie. Cela nous permet, ainsi, de tous réfléchir à notre modèle économique.
Nous n’avons pas fait tout cela seulement pour avoir un label, nous l’avons fait pour donner un cadre à nos échanges, nous évaluer sur ce que nous faisions de bien et de moins bien.
Eric Groshens, Inessens, labellisée Engagé RSE
Justement, comment avez-vous défini votre modèle économique et social ?
Eric Groshens – Une entreprise, ce sont des produits, des valeurs et des collaborateurs. A ceux-ci, nous proposons des mesures qui requièrent un minimum de 70 % d’avis favorables pour être adoptées, par exemple :
- A quel moment une entreprise doit-elle être profitable pour garantir la sécurité de toutes ses parties prenantes ?
- A quel service une entreprise doit-elle réserver sa profitabilité (investissement, recherche et développement, territorialité, santé, bien-être au travail, environnement, emploi…) ?
- Quelle part l’entreprise investit-elle de sa profitabilité dans ses différents services, que doit-elle reverser dans ses fonds propres, dividendes éthiques, rémunérations, etc. ?
Quelles décisions majeures avez-vous ainsi prises ?
Eric Groshens – Le CDI généralisé, le tutorat obligatoire, les salaires et l’écart entre les plus bas et les plus hauts affichés, les minima sociaux de branches augmentés de 5 %, l’actionnariat des salariés managers, une charte du respect en interne… Autant de mesures qui sont sorties de ce processus. Je peux aussi citer des actes concrets comme nos colles écologiques lavables ou nos pigments d’encre naturels, des innovations lancées ensemble.
Quels sont les autres piliers de votre politique RSE ?
Eric Groshens – J’en ajouterais quatre :
- l’ancrage territorial, en développant l’employabilité locale, les circuits courts et circulaires
- l’école Inessens, avec pour but de mieux former nos collaborateurs, attirer de nouveaux talents, partager nos contraintes avec nos clients
- la santé et le bien-être au travail, volet que nous sommes en train de compléter
- Enfin, Eco 7, pilier de nos réflexions et actions avec les parties prenantes pour une démarche plus écoresponsable.