Sur l’île de la Réunion, l’entreprise Réunion Air Sécurité s’est d’abord spécialisée dans la sécurité aérienne, puis s’est tournée vers la sûreté portuaire et le gardiennage. Didier Payet, responsable qualité QSE et RSE, raconte comment les sujets liés aux conditions de travail ont forgé la démarche de RSE, aujourd’hui récompensée par le label Engagé RSE « confirmé » (niveau 3 sur 4).
Quelles sont les valeurs qui fondent votre politique RSE ?
Didier Payet – Respect, confiance et gagnant-gagnant. Le respect fait partie de notre ADN, nous avons grandi ensemble. Nous nous sommes battus pour devenir encadrants, ayant pour la plupart d’entre nous commencé comme agents de sécurité. Nous permettons à d’autres de suivre notre chemin.
Comment déclinez-vous la valeur respect ?
Didier Payet – Les collaborateurs ont besoin d’avoir confiance en l’entreprise, comme l’entreprise a besoin d’avoir confiance en eux. 93 % de nos salariés sont prêts à recommander l’entreprise Réunion Air Sécurité. Nous n’avons pas de service commercial, la société fait sa promotion par leur intermédiaire. Dans l’autre sens, quand un collaborateur connaît des difficultés personnelles, l’entreprise essaie de l’aider financièrement, dans la mesure du possible. Nous organisons des rendez-vous festifs et solidaires qui permettent aux salariés de se retrouver dans d’autres contextes que le travail à proprement parler, avec leur famille, en tant que sportifs, artistes, ou bénévoles dans une association. L’entreprise elle-même organise des courses de karting au profit du Téléthon ou de la lutte contre le cancer du sein.
Qu’entendez-vous par « gagnant-gagnant » ?
Didier Payet – Ce qui bénéficie au salarié bénéficie à l’entreprise, et vice-versa. Nous avons signé six accords d’entreprises, dont un sur l’intéressement, mis en place des primes, accordé du temps libre. Lorsque nous gagnons un marché, nous regardons les conditions de travail et n’hésitons pas nous même à investir dans des travaux (abri, toilettes, chauffage, etc.) pour assurer un bon confort de travail. Nos clients apprécient. C’est un moyen de les fidéliser, eux et nos collaborateurs. Être gagnant-gagnant, c’est aussi agir pour la formation. En 2009, nous avons créé notre propre organisme de formation, RAF (Réunion Accueil Formation), qui forme désormais 600 stagiaires par an, avec un taux d’insertion de 91 %. Nos collaborateurs peuvent s’y orienter à l’issue des entretiens individuels. Ainsi, un agent qui travaille dans un hôpital peut se former au secourisme, au langage des signes ou à l’anglais.
Le label Engagé RSE matérialise un état d’esprit, celui d’une posture collaborative où chacun apporte sa pierre à l’édifice et reçoit une partie des bénéfices.
Didier Payet, responsable qualité QSE et RSE, Réunion Air Sécurité
Pourquoi matérialiser tout cela au moyen d’un label, alors que vous dites « ne pas avoir besoin de formalisme » ?
Didier Payet – Nous voulons montrer que nous sommes une entreprise exemplaire, différente des autres. Le label Engagé RSE matérialise un état d’esprit, celui d’une posture collaborative où chacun apporte sa pierre à l’édifice et reçoit une partie des bénéfices. AFNOR Certification a toujours été à nos côtés depuis la certification de notre démarche qualité ; il était naturel de que ce soit elle qui évalue notre politique RSE. Cela transforme l’abstrait en concret, donne une valeur comptable à toutes nos actions, comme ces campagnes de distribution d’imperméables aux sans-abri. Et en formalisant une démarche, on découvre des choses ! Figurez-vous que c’est en passant l’audit de labellisation que nous nous sommes rendu compte que notre personnel était en majorité issu de la promotion interne. Treize des formateurs en sécurité que compte notre entreprise ont commencé comme agents.
Que faites-vous pour rendre plus attractif le métier d’agent de sécurité ?
Didier Payet – Nous avons aménagé le temps de travail sur quatre jours, trouvé des solutions pour que les agents ne soient pas debout en permanence, grâce à des chaises hautes par exemple. Par ailleurs, la surveillance électronique les soulage d’un certain nombre de tâches. La féminisation du métier est un autre axe de travail, tout comme l’inclusion de personnes malentendantes pour les missions de télésurveillance. Citons également cette action de branding consistant à être autonomes pour marquer le vêtement et les accessoires de nos agents aux couleurs de la société, afin de ne plus subir les délais de certains de nos fournisseurs. Cela nous a rendus très réactifs durant la crise covid.
Quelles sont vos actions environnementales ?
Didier Payet – Nous devons planter dix arbres par an pour compenser notre empreinte carbone. Nous sommes en pourparlers avec l’ONF et le parc national de la Réunion pour du mécénat. En attendant, nous offrons des plantes et des arbres aux salariés. Je conclus par cette action réussie pour limiter notre consommation de papier : nous sommes passés de 2 tonnes de papier en 2018 à 450 kg aujourd’hui : quatre fois moins, grâce à la numérisation.