L’aluminium durable existe, GUTcert l’a rencontré

Aluminium durable

© Getty Images

C’est aux Pays-Bas que le groupe AFNOR a délivré son premier certificat « ASI », garant d’un aluminium « 100% durable », respectueux de la biodiversité ou excluant le travail des enfants. Un label synonyme d’exemplarité et de compétitivité pour l’usine Hydro Extruded Solutions située à Hoogezand.

Quand les professionnels de l’aluminium décident de produire durable, du minerai au profilé, le résultat s’appelle ASI ! Ce consortium d’industriels et d’associations a donné son nom à une certification dont ils ont bâti le référentiel, adapté à l’activité de transformation de l’aluminium : Aluminium Stewardship Initiative. Et c’est l’une des usines du groupe norvégien Norsk Hydro, celle de Hoogezand, dans le nord des Pays-Bas, qui est la première de sa catégorie à décrocher ce label « ASI Performance Standard ». Chaque année, les 155 employés du site produisent des tonnes de profilés extrudés : des éléments de toutes formes et de toutes tailles, que l’on retrouve ensuite dans nos voitures, nos ordinateurs ou nos maisons.

Déjà certifié ISO 14001, le site voulait aller plus loin dans sa démarche environnementale. « L’usine d’extrusion d’Hoogezand voulait être aux avant-postes du développement durable, souligne Jean-Marc Moulin, directeur du développement durable pour Hydro Extruded Solutions. Nos impacts ne sont pas limités aux seuls abords de l’usine. Toutes les étapes de la transformation de l’aluminium, depuis les mines en passant par la production d’alumine et la fonderie, doivent être prises en compte pour assurer une chaîne de valeur durable. ASI nous permet cela. » En juillet 2018, la direction du site franchit le pas et sollicite GUTcert, filiale allemande du groupe AFNOR, pour un audit.

Certification ASI : traçabilité, durabilité, crédibilité

Respect de la biodiversité, des communautés, bonne gouvernance… S’engage alors un véritable sprint pour suivre les exigences de la norme. Et ouvrir les portes de l’usine : il ne s’agit pas seulement de sensibiliser les équipes en interne, mais aussi tous les fournisseurs et parties prenantes, sur de nombreux sujets sensibles comme le travail des enfants ou le respect de la biodiversité.

Un chantier de fond qui nécessite une gouvernance solide sur l’ensemble de la chaîne. Un système de management renforcé permet d’assurer une traçabilité totale de l’aluminium, étape après étape. La communication a joué un rôle central, avec la création de fiches pratiques, la mise en place d’ateliers d’information, le partage de documents. Résultat : en novembre 2018, GUTcert accorde le certificat à l’usine d’Hoogezand.

Un label stratégique, que la direction entend inscrire dans la durée, tout en s’améliorant. « Les consommateurs finaux réclament des produits durables. Nos clients – constructeurs automobiles par exemple – ont donc besoin de pièces en aluminium qui répondent à ces critères. Demain, ce label fera partie des labels-clés pour conforter notre position et trouver des débouchés à nos produits face à une pression sociétale et environnementale toujours plus forte », assure Jean-Marc Moulin.

« Un cheminement en deux étapes »

Trois questions à… Nicolas Fouquet, chef de projet chez GUTcert, filiale allemande du groupe AFNOR

Qu’est-ce que l’ASI ?

Nicolas Fouquet, chef de projetCréée en 2012, l’Aluminium Stewardship Initiative (ASI) rassemble des acteurs industriels du domaine de l’aluminium qui partagent la même volonté de développer une chaîne de valeur aussi durable que possible pour ce métal. Il s’agit de mener une démarche similaire à celles qui existent dans des secteurs comme le bois ou le café, par exemple. L’objectif est de simplifier la tâche des différents acteurs en mettant au point un référentiel qui agrège les éléments de nombreuses autres normes volontaires : ISO 14001, ISO 37001, ISO 45001 ou encore SA 8000. Avant de passer la certification, il est obligatoire d’adhérer à l’association. Puis, l’entreprise dispose de deux ans pour obtenir le label, à l’issue d’un audit, sur au moins un de ses sites.

Quelles sont les exigences à respecter ?

Elles sont variées et concernent toute la chaîne, de l’extraction de la matière première dans les mines jusqu’à sa transformation en pièces exploitables. L’entreprise doit par exemple s’assurer qu’aucun de ses sous-traitants n’emploie d’enfants, une pratique encore courante dans les pays où se trouvent les gisements. Mais les critères concernent également la gestion des déchets sur les sites de transformation ! Il s’agit d’un vrai regard à 360 degrés sur la chaîne de valeur.

En quoi ce certificat est-il stratégique ?

Il répond à une demande forte des clients des industriels de l’aluminium, eux-mêmes soumis aux attentes des consommateurs en quête de produits plus responsables. C’est le cas par exemple de BMW, qui s’engage à fabriquer des voitures conçues avec de l’aluminium durable. Le certificat ASI permet un traçage de la mine au véhicule livré ! De quoi conférer une vraie valeur ajoutée et un avantage concurrentiel.

 
 
> Demander la certification ASI (en anglais)…