Origine France Garantie : le point de vue d’un auditeur du label

Nous sommes allés à la rencontre de Thierry Thomas, auditeur du label Origine France Garantie. Il partage, à l’occasion des Assises 2017 du produire en France, ce qu’il observe lors de ses audits d’entreprises prétendantes au label.

Les Assises du produire en France mettent à l’honneur, du 14 au 15 septembre à Reims, les entreprises qui misent sur le label Origine France Garantie. Ce signe distinctif est apposé aujourd’hui sur près de 2000 gammes de produits. Thierry Thomas est l’un des auditeurs missionnés par AFNOR Certification pour vérifier que les critères sont bien respectés par les entreprises souhaitant revendiquer, objectivement, leur contribution au « made in France ».

 

Label Origine France Garantie

 

Pouvez-vous nous résumer les critères du label et à qui il s’adresse ?

Thierry Thomas, auditeur du label Origine France Garantie. © DR

Le label Origine France Garantie s’applique à tous les produits industriels, naturels, transformés ou non, dans tous les secteurs et pour les entreprises de toute taille. Pour l’obtenir, il faut remplir deux critères cumulatifs : au moins 50 % du prix de revient être d’origine française (matières premières, main d’œuvre, etc.) et le produit doit prendre ses « caractéristiques essentielles » en France.

Qu’entendez-vous par « caractéristiques essentielles » ?

C’est simple. Prenez un fabricant d’éponges. Il peut utiliser comme matières premières des composants étrangers mais le processus de fabrication de l’éponge, qui confère sa capacité absorbante au produit, doit être réalisé en France. En contrepartie, le critère relatif au prix de revient permet de s’assurer de la pertinence de l’attribution du label. Pour un produit électronique, comme une plaque de cuisson à induction, le circuit d’induction doit être fait en France, mais le programmateur par exemple, peut être fait à l’étranger.

Ce critère sur les caractéristiques du produit est donc corrélé au critère de prix de revient. Pour reprendre l’exemple de l’éponge : si elle coûte 1 euro mais que 60 centimes du prix correspondent aux composants étrangers et 40 centimes à la fabrication, les conditions ne sont pas réunies.

Comment contrôlez-vous le respect des critères ?

Mon métier d’auditeur est de vérifier, dans l’entreprise, si ce qu’elle dit lors de la phase d’étude documentaire est bien avéré. Une fois l’audit planifié et le programme communiqué à l’entreprise, je me rends sur place pour y effectuer des contrôles, y compris chez les sous-traitants de premier niveau. J’échange donc avec la personne à même de répondre du respect des critères du label. Comptable, dirigeant, responsable qualité, des achats, directeur de site… Tout dépend de la taille de l’entreprise.

Vous avez donc accès à tous les documents ? Y compris les plus confidentiels ?

La confidentialité et la confiance sont des conditions essentielles pour AFNOR Certification. L’entreprise accepte de me détailler la structure de ses coûts. Il en est de même pour ses sous-traitants. A chaque fois, je prends des engagements de confidentialité totale pour que chaque information donnée reste à son niveau. Je passe donc au crible le tableau de composition des prix du produit et je questionne la répartition des coûts. L’idée est aussi de contribuer aux réflexions de l’entreprise sur l’ADN du produit et sur sa chaîne de fabrication.

Quelles difficultés les prétendants rencontrent-ils ?

Globalement, je dirais que les critères sont clairs et bien compris. Les entreprises ne rencontrent pas de difficultés majeures pour prétendre au label. A partir du moment où elles jugent que l’obtenir est stratégique, elles se donnent les moyens pour y parvenir. Après, à la marge, il se peut que des sociétés, peu pointues dans leur comptabilité analytique, n’intègrent pas certains coûts dans le calcul global. C’est parfois le cas pour les coûts de contrôle de production. Le développement et les études (plafonnés à 10%) sont également parfois oubliés.

Au-delà des deux critères principaux, il y a des particularités additionnelles pour certains métiers. Qu’apportent-elles ?

Elles renforcent la crédibilité du label. Pour l’agroalimentaire par exemple, si il y est écrit « gâteau à la fraise » sur l’emballage du produit, il faut que la fraise ait été cultivée en France. De plus, nous vérifions que tous les composants de la recette supérieurs à 30% du poids soient bien d’origine française. Encore une fois, l’entreprise doit dévoiler tous les détails, le prix de revient et la recette.

Avez-vous un conseil à donner aux entreprises qui seraient tentées ?

Plutôt qu’un conseil, je partagerai un constat : le label est un outil de communication important puisque l’ensemble des entreprises auditées ont reconduit la démarche après trois ans. Le label est donc une aide à la vente. Au-delà de l’aspect commercial, j’observe que la démarche permet aux entreprises de faire un point annuel sur leurs prix de revient. Si par exemple le prix de chaque petit constituant a évolué de 1%, il se peut que personne n’ait signalé ce changement et qu’à la fin cela se solde par une augmentation de 10%. Le label peut donc aider à mieux maîtriser sa chaîne de coûts.

 

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