La filière nettoyage-propreté lave plus vert que vert !

USA, Oregon, Portland

Pour faire valoir le caractère écologique de leurs produits et de leurs prestations, les professionnels des produits d’entretien et du nettoyage-propreté font appel à des labels et des certifications… Sans tomber dans le greenwashing !

Dans son hors-série de mai 2019, le magazine 60 millions de consommateurs révèle que les produits ménagers sont souvent irritants, contiennent des allergènes, ou favorisent la résistance bactérienne… Signe des temps, les consommateurs se tournent de plus en plus vers leurs équivalents bio ou écoconçus, voire les fabriquent eux-mêmes à base de vinaigre blanc et de bicarbonate de soude… Les détergents et nettoyants ménagers porteurs de l’écolabel européen sont là pour répondre à cette demande : impact écologique réduit, efficacité équivalente.

Mais saviez-vous qu’au-delà des produits, les prestations de service aussi arborent parfois un signe écologique ? Un lave-vitre écologique, c’est bien ; une entreprise de nettoyage de bureaux qui en utilise et revoit tous ses process pour amoindrir ses impacts environnementaux c’est mieux ! Dans ce domaine, plusieurs prestataires de service ont sollicité AFNOR Certification pour faire reconnaître qu’ils étaient exemplaires en la matière. Que ce soit sous l’angle écologique stricto sensu, sous l’angle de l’économie circulaire pour souligner des efforts de recyclage, ou sous le prisme plus large de la RSE.

Regio Nettoyage : l’écolabel européen sur les services de nettoyage intérieur

C’est le cas de l’entreprise Regio Nettoyage, toute première détentrice de l’écolabel européen sur les services de nettoyage intérieur, la 52e et dernière catégorie créée dans cette distinction lancée en 1992. Pour ce prestataire installé dans le Haut-Rhin, la démarche de labellisation était un baptême du feu. L’entreprise met à disposition des agents d’entretien dans des collectivités territoriales ou des entreprises de santé et du tertiaire. La société cultive les valeurs de RSE depuis 2007 et multiplie les écogestes : produits d’entretien écologiques équipés de systèmes de dosage, utilisation exclusive de lavettes en microfibres, véhicules électriques, lave-linge de classe énergétique A++, chariots de lavage en plastique recyclé, incitation des salariés à utiliser les transports en commun… Tout nouveau collaborateur suit une formation de quelques heures en conditions réelles sur l’utilisation des produits, les méthodes de dilution, l’optimisation de l’usage de l’eau. « Nous aurions pu prétendre à d’autres certifications, assure Nicolas Meyer, le gérant, mais l’écolabel européen est connu de tous et nous correspondait en termes d’images et de communication. »

Chez Samsic Facility, qui a décroché l’écolabel européen en juin 2021 [cet article a été mis à jour à cette date, ndlr], le signe à la petite fleur conforte une démarche maison : « Samsic dispose d’une organisation spécifique, ‘Green Care Ecolabel’, pour démontrer sa performance écologique. L’écolabel conforte des choix techniques vertueux et encourage une dynamique d’amélioration qui va souvent au-delà du référentiel, témoigne François Pierot, directeur qualité et environnement, très fier de l’implication des agents de service et de leur sensibilisation aux questions environnementales, comme l’audit l’a souligné. » 

Avant lui, Regio Nettoyage a décroché le sésame haut la main, même si tout n’a pas été facile pour une première. « Nous étions un peu impressionnés par la stature d’AFNOR Certification, reconnaît Nicolas Meyer, mais l’auditrice a su nous accompagner tout au long du dossier et nous a bien conseillés. » Pour monter son dossier, l’entreprise a fait appel à un prestataire externe. « Il nous a aidés à remplir le dossier de consultation, à rassembler les pièces justificatives et à mettre en place des procédures et une traçabilité qui nous étaient quelque peu étrangères jusque-là. Maintenant, tout ce que l’on fait, on l’écrit. C’est un vrai plus », apprécie Nicolas Meyer. Cette réorganisation a permis de rationaliser la gamme. Elle comporte moins de références, mais plus de la moitié de celles-ci répond aux exigences de l’écolabel européen.

Depuis l’obtention du label, les équipes de Regio Nettoyage sont régulièrement félicitées par les clients, qui n’hésitent pas à communiquer auprès de leurs propres salariés sur la démarche de leur prestataire. « La labellisation nous valorise en tant que travailleurs de l’ombre, assure Nicolas Meyer. Nous prouvons qu’une entreprise de nettoyage peut respecter les hommes et l’environnement. » Sans prospection commerciale, la société connaît depuis six ans une croissance à deux chiffres sur un secteur pourtant très concurrentiel, « juste par le bouche-à-oreille et l’image de marque ». « Notre expérience, espère le gérant, doit servir aux entreprises qui, après nous, visent l’écolabel européen. Il faut que nous fassions rapidement des émules, afin que la démarche ait du sens pour l’ensemble de la profession. »

Sanogia : le label de RSE « Proprement engagés »

Autre prestataire du secteur nettoyage-propreté à vouloir afficher ses engagements : Sanogia. Le 27 juin 2019, cette entreprise a décroché le label « Proprement engagés », label de RSE déclinant le référentiel ISO 26000 à la profession, avec trois étoiles sur quatre possibles. Créée en 1997, cette TPE est implantée dans le Var, sur le plateau de Signes. Regroupés dans une même entité jusqu’en octobre 2018, ses quarante salariés sont depuis répartis dans une holding regroupant plusieurs structures : Obioseed, fabricant de produits d’hygiène et de désinfection, et Sanogia, qui distribue des produits et des matériels d’hygiène et de désinfection destinés aux collectivités territoriales et aux professionnels (entreprises de propreté, hôtels, restaurants, piscines, etc.). Son catalogue s’étend bien au-delà des seuls produits Obioseed et compte plus d’un millier de références.

« Nous nous sommes engagés dans ce label avec humilité », reconnaît Roland Le Joliff, directeur général de l’entreprise. Il nous a permis de réaliser un diagnostic de RSE et d’écrire une feuille de route pour les trois ans à venir en vue de nous améliorer. » L’entreprise ne partait pas de rien. Par exemple, en matière de ressources humaines, le nombre d’échelons hiérarchiques avait déjà été réduit à deux. Et Sanogia était déjà membre fondateur d’une ONG médicale, « l’Humanitaire pour tous ». Côté environnement, l’entreprise a recruté sa responsable QHSE en 2011, développé une gamme de produits écologiques, installé des ruches près du site de production (des biocapteurs pour mesurer la qualité de l’air), et obtenu en 2013 la certification ISO 14001. Elle forme aussi depuis longtemps ses clients pour réduire leur consommation d’eau et de consommables.

« L’évaluatrice nous a expliqué que nous étions “très bons” dans ce domaine, poursuit le directeur général. Cependant, pour atteindre l’excellence, il nous fallait encore faire valider les indicateurs de RSE par nos parties prenantes, publier chaque année un rapport de RSE complet, faire monter en puissance notre part de chimie verte… Il nous faut aussi travailler sur les achats responsables, l’économie circulaire, le transport des marchandises, ou encore l’hyperconcentration des produits, afin de diviser par vingt les volumes transportés. Nous allons très rapidement nous y atteler. »

Sanogia est la première entreprise du secteur à s’être lancée dans une démarche de labellisation sectorielle. Elle est appuyée par le syndicat professionnel, l’Afise (Association française des industries de la détergence), qui a construit ce label sur les bases d’un référentiel expérimental en 22 critères monté avec l’aide d’AFNOR Certification, dans le cadre d’un programme piloté par la Plateforme RSE de France Stratégie, instance placée sous la tutelle du Premier ministre, auprès de douze fédérations professionnelles. « L’exemple de Sanogia est un vrai signe de l’engagement du secteur pour répondre aux demandes des consommateurs et des donneurs d’ordres. Il devrait faire des émules. Nous espérons qu’un tiers des entreprises de l’association suivent la même voie d’ici dix-huit à vingt-quatre mois », commente Sébastien Bossard, président de l’Afise.

Quand les poubelles s’ouvrent à l’économie circulaire
L’entreprise Sulo (ex-Plastic Omnium Systèmes Urbains) n’est pas, à proprement parler, rattachée à la filière nettoyage-propreté. Mais elle s’en approche de près, puisqu’elle fabrique des bacs à déchets. Et elle aussi cherche à démontrer qu’elle applique des bonnes pratiques écologiques. Logique, pour un spécialiste des poubelles ! Sur son site de Langres, en Haute-Marne, Sulo a modifié ses processus pour confectionner ses bacs à roulettes à partir de matière recyclée, dont 60 % provient des déchets plastiques qu’accueillent ces mêmes conteneurs, du moins ceux de couleur jaune destinés au recyclage des emballages ménagers. De quoi boucler la boucle ! Un vrai acte d’économie circulaire censé inspirer d’autres projets sur place et qui lui a valu, début juillet, d’être reçu à l’évaluation Economie circulaire diligentée par AFNOR Certification. Une distinction basée sur la norme XP X30-901, une norme de management qui donne des lignes directrices pour bien gérer un projet faisant œuvre d’économie circulaire.

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