Mettez vos clients du nucléaire en confiance avec la certification ISO 19443

Valinox Nucléaire a obtenu la certification ISO 19443 pour son usine de Montbard

© Valinox/DR

On n’est jamais trop prudent dans le nucléaire. Les fournisseurs et sous-traitants de la filière doivent assurer à leurs donneurs d’ordres qu’ils font le maximum en termes de qualité et de sûreté. Une nouvelle certification permet d’en apporter la preuve : ISO 19443. L’industriel Valinox Nucléaire en est le premier détenteur.

Annoncée en novembre 2018, la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) prévoit la fermeture échelonnée de 14 réacteurs nucléaires en France d’ici à 2035, dont ceux de Fessenheim. Avec ou sans construire de nouveaux réacteurs, du moment que la part de marché de l’atome dans la production d’électricité ne dépasse pas 50 % à cette date, comme le demande la loi (contre environ 75 % aujourd’hui).

De son côté, en décembre 2018, la Chine a mis en service le premier EPR au monde, construit avec EDF. Que ce soit pour construire ou démanteler, il faudra donc encore compter longtemps sur la filière nucléaire. Autant de commandes en perspective pour un secteur qui a érigé la qualité et la sûreté en impératifs, et cela, sur toute la chaîne de valeur : constructeurs, exploitants, équipementiers, logisticiens, acteurs du cycle du combustible. Une exigence qui s’est encore renforcée depuis l’accident de Fukushima, en mars 2011.

ISO 19443, le complément de l’ISO 9001 pour la supply chain nucléaire

Mais la qualité et la sûreté ne s’auto-déclarent pas. Il est toujours plus crédible de faire constater par un œil extérieur qu’on fait les choses bien. C’est le principe de la certification ISO 19443, une déclinaison de l’ISO 9001 aux sous-traitants et prestataires de la filière nucléaire. En novembre 2018, l’industriel Valinox Nucléaire l’a demandée – et obtenue ! – pour son usine de Montbard (Côte-d’Or). Cette filiale de Vallourec est leader mondial du marché des tubes de générateurs de vapeur. Longs de 20 à 30 mètres et épais d’un millimètre, ceux-ci servent à transférer la chaleur du réacteur au circuit secondaire afin de générer la vapeur qui produira ensuite l’électricité via une turbine de grande puissance. « Ces tubes sont des composants critiques d’une centrale, explique Germain Camus, responsable système QHSE de Valinox Nucléaire. Ils participent à la sûreté de l’installation et leur qualité est un élément important pour garantir le rendement du réacteur durant toute la durée de son fonctionnement. »

Logo AFAQ ISO 19443La norme ISO 19443, sur laquelle est bâtie la certification du même nom, définit les « exigences spécifiques pour l’application de l’ISO 9001:2015 par les organisations de la chaîne d’approvisionnement du secteur de l’énergie nucléaire fournissant des produits ou services importants pour la sûreté nucléaire ». Elle décline donc un référentiel générique à une activité particulière, comme c’est déjà le cas pour d’autres filières de haute technologie (aéronautique, ferroviaire, automobile, spatial…). « Jusque-là, explique Patrick Delahaye, ancien responsable qualité chez Areva et spécialiste de ce référentiel, tous les acteurs du nucléaire étaient certifiés ISO 9001, une norme générique qui n’intègre pas explicitement les exigences de sûreté. Fournisseurs et sous-traitants devaient donc respecter, en plus, des spécifications complémentaires liées à la réglementation en vigueur dans chaque pays et spécifiques à chaque grand donneur d’ordre. »

ISO 19443 : tracer et consigner tout défaut de qualité

Démarche volontaire, la certification ISO 19443 s’adresse aux organisations de tous types et de toutes tailles qui fournissent des produits et/ou services importants pour la sûreté nucléaire. Elle valide avant tout la culture de la sûreté déployée dans l’entreprise. « Dans le contexte actuel, explique Christian Meier, auditeur missionné par AFNOR Certification chez Valinox, l’exigence va au-delà de la seule qualité d’un produit. » Dans le nucléaire, la fabrication des pièces répond à des règles très strictes. L’ensemble du personnel doit être formé à la sûreté nucléaire et prendre la mesure de l’enjeu : le moindre manquement peut générer un risque d’accident. « Si un salarié de Valinox détecte un événement imprévu lors du processus de fabrication, une petite imperfection sur un tube, par exemple, il doit en référer immédiatement à la direction. Aucun reproche ne lui sera fait, même s’il est à l’origine du problème » précise Germain Camus.

Seuls les services compétents décideront du sort du tube suspect. En cas de doute, même infime, il sera mis au rebut et refondu en aciérie. Ensuite, l’événement sera analysé, ses causes profondes disséquées. Des mesures seront prises afin d’éviter que le défaut se reproduise, et un retour d’expérience dûment formalisé avec dossier traçable et librement consultable. Cette attitude de questionnement permanent devant le moindre doute ou situation imprévue a justifié justifiait à elle seule la création d’un référentiel spécifique, avec la certification qui va avec.

ISO 19443, bientôt obligatoire dans les appels d’offres ?

« Le déploiement d’une culture de la sûreté omniprésente et pratiquée au quotidien, tout au long de la chaîne de production, représente un effort considérable pour les entreprises », assure Christian Meier. En contrepartie, la certification apporte un avantage concurrentiel à l’entreprise, en particulier à l’export. Elle devrait aussi améliorer sensiblement la qualité de la relation et le niveau de confiance entre les parties. « Auparavant, explique Patrick Delahaye, chaque donneur d’ordres devait aller auditer un par un tous ses sous-traitants de rang 1, même s’ils étaient certifiés ISO 9001. Il s’assurait ainsi que ces entreprises respectaient la réglementation, mais aussi ses propres référentiels. Une difficulté encore accrue quand le sous-traitant était étranger. Et les sous-traitants de rang 1 devaient agir de même pour leurs propres sous-traitants… Une fois certifiés ISO 19443 par une tierce partie, ces audits « système » n’auront plus lieu d’être. » Un gain de temps et de moyens considérable !

« À terme, conclut Germain Camus, il est fort probable que ce signe de confiance soit systématiquement requis dans les appels d’offres, un peu comme l’ISO 9001 ou l’ISO 14001 aujourd’hui. »

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