AFNOR Certification a obtenu l’accréditation à auditer les fonds candidats au label ISR, label prouvant leur caractère socialement responsable. Jean-Luc Ribas, auditeur, explique en quoi consiste l’exercice.
Au lendemain de la Semaine de la finance responsable 2017, AFNOR Certification a obtenu l’accréditation à auditer les fonds candidats au label ISR, accréditation valable à compter du 10 octobre 2017. Label d’État lancé début 2016, le label ISR (pour « investissement socialement responsable ») atteste du caractère éthique des fonds qui s’en revendiquent, à l’heure où les investisseurs cherchent à mettre du sens dans leurs placements. Fin 2015, les encours comptabilisés sous la bannière de l’investissement responsable s’élevaient à 746 milliards d’euros en France, en hausse de 29 % par rapport à 2014 (source Novethic). Jean-Luc Ribas, auditeur pour AFNOR Certification (photo), raconte comment se déroule un audit.
Constatez-vous un engouement pour l’investissement socialement responsable ?
Oui, les encours concernés sont en nette croissance. Je vois de plus en plus d’entreprises exclure les gestionnaires non labellisés ISR des appels d’offres qu’elles émettent pour flécher de l’épargne salariale ou de l’assurance-vie vers des placements relevant de cette catégorie. Les gestionnaires de fonds ISR ont donc intérêt à afficher leur différence. Lancé début 2016, le label ISR arrive au bon moment, au milieu d’initiatives réglementaires allant dans le même sens, comme la loi Sapin 2, la directive européenne sur la déclaration de performance extra-financière, ou la loi sur le devoir de vigilance des sociétés mères et entreprises donneuses d’ordre.
Sur quels critères examinez-vous les fonds candidats ?
Sur les critères ESG (environnement, social, gouvernance) et en l’occurrence, sur la capacité du gestionnaire de fonds à mesurer les impacts de l’activité des entreprises dans lesquelles il investit. Ces entreprises font-elles travailler des enfants ? Émettent-elles beaucoup de carbone ? Créent-elles de l’emploi ? L’auditeur que je suis évalue si le gestionnaire est bien outillé pour appréhender et surveiller ces problématiques, faire jouer les critères ESG dans la sélection de ses placements, réagir à un scandale type Dieselgate, et apprécier la transparence dans la gouvernance des sociétés qu’il a en portefeuille. Le label ISR ne propose pas de liste d’activités à exclure (comme le tabac ou le charbon), mais une clé de lecture pour identifier ce sur quoi le gestionnaire de fonds sera attendu dans l’hypothèse où il investit dans ces activités.
Vous épluchez donc de nombreux documents ?
Oui, les comptes-rendus de vote d’assemblée générale par exemple, afin de voir si la transparence est de mise sur des points comme la rémunération des dirigeants, autre point sur lequel le gestionnaire de fonds doit être vigilant s’il revendique le label ISR. Je regarde également ce que la société de gestion met en place en termes de formation, de contrôle et d’outils de pilotage. Il m’arrive de relever des non-conformités, à corriger dans les meilleurs délais. Au total, je passe au moins deux jours sur site, avec l’analyste, le gestionnaire et d’autres interlocuteurs, pour un balayage complet des éléments ESG décrivant le fonds et les valeurs qui le composent. À l’issue de l’exercice, le label est accordé pour trois ans, avec audit de suivi annuel. En suivi, justement, je constate le label est un vrai accélérateur d’éthique. Il permet aux sociétés de gestion financière de gagner en vigilance et en facilité à rendre des comptes.
En savoir plus sur le label ISR distribué par AFNOR Certification…