Le fabricant d’extincteurs Desautel a reçu la certification ISO 50001 version 2018, pour son usine de production de Meyzieu, dans le Rhône. Première entreprise française à le décrocher, elle a mis en place des mesures qui optimisent son management de l’énergie.
Toutes les heures, 240 extincteurs rouges et blancs tout neufs sortent des lignes de production de l’usine Desautel, filiale du groupe du même nom, à Meyzieu, dans le Rhône. Une cadence soutenue, indispensable à la fabrication des 500 000 unités annuelles du site, et forcément énergivore. « Nous sommes certifiés ISO 9001 (qualité) depuis 1993, ISO 14001 (environnement) depuis 2005 et OHSAS 18001 (santé et sécurité au travail) depuis 2008, raconte Sophie Sanchez, responsable QRSE. Au départ, nous ne voyions pas trop l’intérêt d’élargir l’exercice à l’ISO 50001 pour l’énergie, car nos efforts environnementaux sont déjà portés par l’ISO 14001 et nous estimions avoir des consommations électriques optimisées. Mais le groupe AFNOR nous a convaincus du contraire en nous montrant tous les bénéfices de la démarche. »
Et notamment en soulignant les nouveautés de la version 2018 du référentiel sur lequel se base la certification. Ce référentiel est en vigueur depuis l’été 2018 et fera définitivement perdre toute valeur aux certificats assis sur l’ancienne version de 2011 à partir d’août 2021. « L’approche ‘risques et opportunités’ de la version 2018 a changé notre regard, commente Sophie Sanchez. Notre analyse ne fait pas ressortir de risque énergétique dans notre usine. Mais l’évolution du référentiel nous permet d’aborder cet aspect comme une opportunité, pour nous améliorer et souder nos équipes. »
AFAQ ISO 50001 : un audit et des surprises
Comme tout projet ISO 50001 qui se respecte, la démarche a débuté par un audit énergétique, pour connaître avec précision l’origine de chaque kilowattheure consommé. « Un travail de fourmi, mené en lien avec EDF, raconte Philippe Bourlois, responsable maintenance et énergie du site. Nous avons installé des traceurs sur nos différents postes électriques pour savoir exactement qui consomme quoi. »
Four de peinture, compresseur, chauffage, éclairage… Tout a été passé au crible, avec parfois de drôles de surprises ! « Nous avons découvert qu’un compresseur fonctionnait quatre heures chaque dimanche après-midi, alors que l’usine est fermée. Une erreur de paramétrage que nous avons immédiatement corrigée », indique par exemple Philippe Bourlois. Avec les experts d’EDF, la direction a ensuite fixé un objectif de diminuer la consommation d’électricité de 10 % en trois ans sur le site. Avec deux leviers pour agir : des modifications techniques (60 %) et des comportements à faire évoluer (40 %).
AFAQ ISO 50001 : motiver les équipes
Pour embarquer tous les salariés dans la démarche, des réunions par petits groupes se sont tenues. Objectif : présenter la démarche, fixer de premières orientations et répondre aux questions. « Nous avons été surpris de l’intérêt suscité, se souvient Sophie Sanchez. Les réunions ont duré deux fois plus de temps que prévu car les équipes voulaient toutes participer, suggérer des idées et s’impliquer ! ». Avec, au bout du compte, des pistes d’action très variées : responsabilisation des chefs d’équipe pour allumer et éteindre leurs machines au bon moment ; isolation du réseau de chauffage ; création de sas et de portes automatiques pour les charriots afin de limiter l’entrée d’air extérieur ; installation de thermomètres dans les bureaux pour optimiser l’utilisation du chauffage et de la climatisation…
Les économies annuelles générées, estimées à 25 000 euros, seront investies dans les travaux d’amélioration de la performance énergétique et du confort des salariés, manière de renforcer la mobilisation de tous. « L’économie, somme toute modeste, n’est pas notre motivation première, insiste la responsable QSE. La démarche ISO 50001 contribue à améliorer les conditions de travail des équipes et à mieux connaître nos outils industriels. Sans compter la fierté d’être les premiers en France à obtenir la version 2018. » Initié en mars 2018, le projet de certification a été mené en un temps record avec une décision favorable rendue par l’auditeur huit mois après.
Déjà certifiée sur les versions 2015 des référentiels ISO 9001 et ISO 14001, Desautel n’a pas eu trop de mal à se couler dans l’ISO 50001 : la structure des trois référentiels est identique, grâce à leur architecture en « HLS », ce qui facilite le pilotage et le reporting croisé. Pour 2019, dans la logique d’amélioration continue, le plan d’actions prévoit la mise en place d’un système d’alerte en cas de consommation anormale sur une machine ou dans une salle. Et tous les trois mois, l’équipe énergie de Desautel se retrouvera pour piloter les actions et garantir « un système de management de l’énergie vivant ».
Auvergne-Rhône-Alpes, une région pleine d’énergie
Première structure certifiée sur la version 2018, Desautel illustre le dynamisme d’Auvergne-Rhône-Alpes en matière de management de l’énergie en général et d’ISO 50001 en particulier. « Soucieuses d’économies d’énergie et de protection de l’environnement, de nombreuses entités s’engagent dans la démarche » observe Olivier Constant, délégué régional du groupe AFNOR à Lyon. C’est le cas de Saint-Exupéry, premier aéroport régional à décrocher la certification ISO 50001, en décembre 2018. La plateforme a su découpler hausse de sa consommation d’énergie et hausse du trafic : la première a crû de 7 % en dix ans, pendant que le trafic augmentait de moitié. Quant à l’incinérateur d’ordures ménagères de Lyon-Sud, géré par la métropole du Grand Lyon, lui aussi vient de recevoir la précieuse certification. Preuve que les bonnes pratiques de management de l’énergie ne sont pas réservées qu’aux entreprises, elles sont aussi accessibles aux collectivités !