Le 12 octobre 2017, un premier groupe hospitalier de l’AP-HP reçoit la certification AFAQ ISO 50001. L’audit mené par AFNOR Certification met en lumière un système de management de l’énergie de nature à favoriser de belles économies.
Une excellente nouvelle est tombée le 21 juillet 2017 : la décision de délivrer la certification ISO 50001 au groupe hospitalier Saint-Louis – Lariboisière – Fernand-Widal, à Paris, après un audit d’AFNOR Certification. C’est le premier groupe hospitalier de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) à se lancer dans cet exercice visant à faire reconnaître qu’un système de management de l’énergie est conforme à la norme volontaire internationale du même nom. De quoi générer économies d’énergie et efficacité énergétique. Dans le secteur de la santé, le CHU de La Réunion avait ouvert le bal en 2013, suivi du CHU de Poitiers en 2016.
À Paris, le groupe hospitalier Saint-Louis-Lariboisière-Fernand-Widal s’est engagé dans la démarche en avril 2016. Démarche qui s’inscrit dans la continuité du plan stratégique 2015–2019 de l’AP-HP, premier employeur d’Île-de-France. Près de 100 000 personnes y travaillent : médecins, chercheurs, paramédicaux, personnel administratif, technique et ouvrier… Elle vise une réduction de 20 % de la consommation d’énergie en 2019 par rapport à 2013, pour l’ensemble ses douze groupes hospitaliers. De belles économies en perspective, car la facture énergétique globale y est estimée entre 90 et 100 millions d’euros par an, soit environ 1,5 % du budget de fonctionnement.
« Avec une culture prioritairement orientée sur l’accueil et les soins prodigués aux patients, la performance énergétique apparaît souvent secondaire dans le secteur de la santé, mais notre exemple montre tout l’intérêt qu’il y a à l’améliorer », commente Laurent Le Guédart, directeur de l’ingénierie et du patrimoine du groupe hospitalier certifié.
Le périmètre de certification comprend plus précisément les hôpitaux Saint-Louis et Lariboisière, pour l’ensemble de leurs activités. Ces deux établissements comptent 6 800 professionnels accueillant chaque année 720 000 patients. Les postes les plus voraces en énergie sont le chauffage et la ventilation, suivis de l’éclairage.
Au cœur de l’ISO 50001 : l’amélioration continue
« La clé d’un système de management de l’énergie efficace est de remporter l’adhésion de l’ensemble de la communauté hospitalière et de structurer les actions. C’est en cela que l’ISO 50001 est précieux et nous fait progresser », poursuit Laurent Le Guédart. La direction de l’ingénierie et du patrimoine a ainsi associé tous les services à la démarche. Le comité de développement durable a été étoffé, avec un représentant des achats, de la fonction logistique, des hospitaliers… Le service communication a sensibilisé les soignants, les professionnels de nuit ont été questionnés sur l’éclairage, des chartes ont été écrites, des formations organisées, etc.
« Certes, au début, l’ISO 50001 demande un surcroît de travail et le côté rébarbatif propre à la norme qui se cache derrière peut dissuader, mais les résultats rapides obtenus sont très motivants. Néanmoins, obtenir ces résultats suppose d’y mettre les moyens. En cela, l’action de notre référent énergie Sébastien Genouvrier a été déterminante », apprécie Laurent Le Guédart. Ainsi, entre janvier et juin 2017, près de 215 000 euros ont été économisés par rapport à la même période sur 2016, reflétant une baisse de 3,6 % des consommations. Les travaux ont porté sur la gestion différenciée du confort thermique des différents locaux, l’éclairage, l’achat de nouveaux groupes frigorifiques, la régulation de la ventilation nocturne, ou encore la mise en place d’une ventilation naturelle dans les salles des serveurs informatiques pour limiter le recours à la climatisation (système dit « freecooling »). Et de nombreux investissements sont prévus, une partie d’entre eux étant financés par le biais du dispositif des certificats d’économies d’énergie.
« Notre objectif est l’amélioration continue, avec une baisse des consommations de 2 % par an durant les cinq prochaines années », expose Laurent Le Guédart. Les autres hôpitaux vont-ils suivre l’exemple ? Au sein de l’AP-HP, un groupe de réflexion réunit régulièrement les référents énergie des établissements : la démarche et les résultats du premier certifié ISO 50001 devraient alimenter les prochains débats.
L’œil de l’auditeur : « Agir avec rationalité »Pour le compte d’AFNOR Certification, Michel Lichou a mené l’audit ayant conduit à la certification AFAQ ISO 50001 du groupe hospitalier Saint-Louis – Lariboisière – Fernand-Widal AP-HP. Il raconte : « Avec Nour Diab, d’AFNOR Énergies, nous avons apprécié la volonté forte de la direction et les moyens mis en place pour avancer dans le système de management de l’énergie du groupe. La situation n’était pas facile, avec un patrimoine immobilier très disparate, des bâtiments anciens, d’autres en construction… Mais l’équipe technique agit avec rationalité. Par exemple, un budget de 300 000 euros a été débloqué pour un plan de comptage énergétique à l’hôpital Saint-Louis AP-HP. Or, bien connaître ses consommations, c’est déjà 15 % d’économies d’énergie en perspective ! À partir du moment où on sait où agir, les résultats ne tardent pas.