L’industriel marocain OCP a fait appel à GUTcert , filiale du groupe AFNOR, pour vérifier le calcul de son empreinte carbone, au sens de la norme ISO 14064-1. Un exercice utile pour mieux maîtriser ses émissions de CO2… au pays hôte de la COP 22.
Depuis 2008, le groupe industriel marocain OCP, spécialisé dans les phosphates, conduit un ambitieux programme de développement visant à doubler sa capacité de production minière et à tripler sa capacité de transformation en produits finis à l’horizon 2028. De quoi booster les performances économiques de ce poids lourd de l’économie marocaine. Mais ce programme est-il compatible avec la nécessité, réaffirmée en 2016 lors de la COP 22 à Marrakech, de ménager son empreinte carbone ?
Pour répondre à cette question, OCP a entrepris un minutieux calcul de ses émissions de gaz à effet de serre (GES). Un exercice que l’industriel a souhaité faire vérifier par un tiers expert, en l’occurrence GUTcert. La filiale allemande du groupe AFNOR a conduit un audit qui s’est soldé positivement, avec la remise d’un certificat attestant que l’empreinte carbone a bien été calculée selon la méthode recommandée par l’ISO 14064-1, la norme volontaire internationale qui fait foi sur le sujet. Clin d’œil de l’histoire, cette norme est aujourd’hui en passe d’être révisée, pour en parfaire la méthodologie.
NF EN ISO 14064-1, une méthode qui fait consensus
« Pour partir sur de bonnes bases, un premier bilan carbone avait été calculé pour l’année 2007, relate Kamal El Omari, chef de projet au sein de la direction Environnement du groupe OCP. Le périmètre couvrait déjà les sites miniers de Khouribga et Gantour, les plateformes industrielles de Jorf Lasfar et Safi, la filiale Phosboucraâ et le siège d’OCP à Casablanca. Ensuite, d’année en année, nous avons quantifié nos émissions de GES selon la même méthode, en prenant en compte chacun des ‘scopes’ détaillés dans la norme. » En l’occurrence, les scopes 1, 2 et 3, c’est-à-dire les émissions directes, les émissions indirectes et les émissions induites.
En 2015, nouvelle étape : OCP charge GUTcert de vérifier son bilan carbone ainsi établi, pour gagner en crédibilité et en transparence. Cette année-là, les premières mesures du programme de transformation commencent à porter leurs fruits : recours accru aux énergies renouvelables (éolienne notamment), meilleure efficacité énergétique (choix de la cogénération), et surtout, mise en service du Slurry Pipeline. Cette conduite souterraine relie, sur 235 kilomètres et 800 mètres de dénivelé, les mines de Khouribga au site de transformation de Jorf Lasfar. De quoi faire voyager le phosphate par voie gravitaire sur la majeure partie du parcours. Et de surcroît, sous forme de pulpe (mélange d’eau et de minerai), alors que le transport ferroviaire qui prévalait jusque-là nécessitait une opération de séchage préalable très énergivore. « D’après nos calculs, précise Kamal El Omari, le pipeline doit permettre à terme d’économiser annuellement au moins 930 000 tonnes de CO2. Mais encore fallait-il avoir la certitude que les calculs effectués jusqu’à présent étaient fiables. » D’où l’intervention de GUTcert .
Le tiers vérificateur : fiabilité et objectivité
Quelques mois plus tard, le verdict tombe : GUTcert valide l’exercice. L’empreinte carbone d’OCP sur l’année 2014 respecte bien la méthode qui fait consensus dans le monde, du moins dans sa version de 2012, celle qui fait office encore aujourd’hui, en 2017, en attendant le texte révisé. Les émissions de gaz à effet de serre observées dans le périmètre arrêté chez OCP atteignent cette année-là très exactement 3 123 590 tonnes équivalent CO2, contre 2,99 millions en 2007. Une augmentation, donc, mais dans des proportions bien moindres que celles que le développement de l’activité pouvait laisser craindre. Les efforts ont payé !
Et pour OCP, le recours à un tiers vérificateur permet de proclamer cela avec davantage de crédit et d’objectivité. « L’expertise de GUTcert atteste le bien-fondé de nos calculs, en particulier sur le scope 3 [le plus difficile à évaluer, ndlr] et a permis de réduire notre marge d’incertitude, apprécie Kamal El Omari. Auparavant, par exemple, le transport des sous-traitants qui venaient travailler sur nos sites n’était pas pris en considération. GUTcert nous a aussi aidés à améliorer les procédures d’inventaire des GES appliquées au niveau de chacun de nos sites. »
Demain, l’empreinte par produit
Aujourd’hui, GUTcert réédite l’exercice pour les bilans 2015 et 2016. « Ce suivi de l’empreinte carbone nous permet d’identifier les principales sources d’émissions de GES, puis d’en déduire les moyens de les réduire au maximum », explique Kamal El Omari . En 2017, 70 % des besoins du groupe en électricité seront satisfaits par l’éolien et la cogénération, chiffre qui grimpera à 95 % en 2020 et qu’atteint déjà le site de Phosboucraâ. » OCP cherche maintenant à déterminer l’empreinte carbone ramenée au produit. « L’empreinte par produit est un indicateur fort pour mesurer l’impact de chacun de nos projets, tout le long de la chaîne de valeur », conclut Kamal El Omari.
Activité : extraction, production et commercialisation de phosphates, d’acide phosphorique et d’engrais phosphatés
Chiffre d’affaires : 3,8 milliards d’euros en 2016 (42,5 milliards de dirhams)
20 700 collaborateurs (2015)
Implantations : 3 sites miniers et 2 complexes chimiques
En savoir plus sur l’audit ISO 14064-1 par GUTcert (en allemand)…